dimanche, novembre 27, 2016

Une voix

C'est bien connu, je suis j'ai une addiction sévère à la première chaîne de Radio-Canada. Je me dis parfois que c'est parce que je suis célibataire et que cette radio parlée me tient lieu de compagnon de vie. La plupart du temps, je me dis que c'est parce que j'aime apprendre. Si l'université n'était pas aussi chère, je n'aurais jamais cessé de fréquenter ses bancs. Faute de mieux, je me rabats sur la culture et la connaissance qui sont à ma portée.

Bref, il m'arrive souvent d'être seule à la maison le samedi soir. Je pourrais me morfondre et me dire que c'est un signe que je n'ai pas de vie, mais non, j'écoute la radio. C'est ainsi que je j'ai commencé à écouter La route des 20. je n'en suis pas le public cible, j'ai laissé la vingtaine derrière moi depuis longtemps. Cependant, je suis curieuse de mon environnement, curieuse des gens avec lesquels je travaille, alors j'ai laissé mes oreilles traîner sur cette émission, au début pour avoir une une idée approximative d'une bonne partie des gens avec lesquels je travaille, par la suite simplement parce que le contenu m'intéresse.

Cette émission a une manière particulièrement champ gauche d'aborder les sujets. Récemment, ils ont traité de la voix des transsexuels qui passent d'hommes à femmes. Bizarrement, ça a résonné pour moi.

Je suis une femme, je l'ai toujours été dans mon corps et dans ma tête. Mais j'ai une voix grave. Certainement accentuée par la cigarette, sauf que je cet état de fait existait dans ma prime adolescence. La toute première fois que je me suis fait taquiner à ce sujet, c'était un de mes oncles qui m'avait dit, au téléphone que j'avais une voix de gars. Je pense que l'objectif recherché (et atteint) à ce moment précis était de me faire grimper dans les rideaux. N'empêche que...

Lorsque je travaillais au Carrefour Laval, il m'arrivait, au moins une fois par semaine, de me faire dire, au téléphone : « Bonjour monsieur... ». Je suppose que ça m'arrivera encore dans ma nouvelle vie, mais je n'ai pas encore répondu assez souvent au téléphone pour le savoir. Toujours est-il que que ça m'irrite à tous les coups. Il m'est même arrivé de d'annoncer que j'étais une femme et que mon correspondant continue à me donner du « monsieur », comme si mon affirmation n'avait aucune espèce d'importance. Je finissais, immanquablement dans le bureau de gestion à rigoler comme une bonne de l'incident, alimentée par mes collègues qui étaient devenues des amies et j'arrêtais d'y penser.

Mais en écoutant ce reportage radiophonique, bien entendu que je trouvais que ces femmes avaient des voix d'hommes, peut importe les accents toniques. Sauf que... Sauf que je me suis dit que ma perception de leur voix n'avait aucune espèce d'importance, s'ils m'annoncent qu'ils sont des femmes quelques que soient mes soupçons sur leur identité de genre à la naissance, il me semble que le B-A ba de la courtoisie serait de continuer la conversation en leur disant : « madame » c'est la base du respect.

Ce respect me semble une denrée rare de nos jours.

Et honnêtement, mes petites frustrations ne sont que grains de sable dans une mer beaucoup plus vaste.

Libellés :