Éduquer Tatie
Je ne sais pas pourquoi,
ma maison est PLEINE de gens. Des gens que je connais et d'autres que
je ne connais pas. Tout le monde me regarde et me parle. Il y a bien
trop d'yeux pour moi.Maman et Papa sont occupés dans la cuisine et
ne peuvent pas me prendre. Je suis un peu mêlé dans toutes les
jambes qui se dressent devant moi. Vers qui je me tourne ? Je me
trompe de paires de jambes une ou deux fois, et j'ai le droit à
plein de câlins et de sourires, même si je n'atteins pas tout à
fait la cible que je m'étais fixée. Ça aurait pu être pire. Mais
je fini par me coller sur le cœur de Grand-mamie parce qu'elle est
là et que je suis certain que je la connais, elle.
Il y a Papi, je le vois
et je l'entends et des grands, moins grands que les autres grands.
Eux, ils bougent encore plus vite que moi. Je pense que je les ai
déjà vus, ça fait un peu longtemps. Mais je reste bien collé sur
ma grand-mamie, il faut que je me fasse une tête sur la situation.
Il y a aussi le monsieur qui a le même sourire que Papi et Papa. Ça
a quelque chose de rassurant. J'observe, et je joue un peu avec
Grand-mamie, sauf que je cesse tout quand une autre personne commence
à jouer avec nous.
Il y a Tatie-Mathie, je
le sais maintenant que c'est elle. Elle joue à tousser avec moi,
même si elle oublie d'arrêter de tousser quand moi je cesse de le
faire. Je sais que c'est elle, mais je ne ne suis pas rendu à être
son ami, par exemple. Faudrait pas exagérer. On ne se connais pas
encore, comme je connais Grand-mamie et Papi.
Depuis un petit moment,
tout le monde s'est regroupé dans le salon. Et on me fait déchirer
du papier. C'est super ça ! Dans le papier il y a des choses
que j'aime. Des livres, un chien qui fait du bruit et une voiturette
que je peux pousser tout seul. Je ne marche pas encore tout à fait,
je réussi à tenir debout sans aide, mais la voiturette, c'est
fantastique ! Je peux traverser toute la maison tout seul en la
poussant. Je peux reculer, tourner, retraverser la maison, sans aide.
Toute une liberté. Et je le fait dans tous les sens, avec un sourire
plus que ravi sur sur le visage. Je suis tellement content que je
laisse même échapper un pétale de rire. Je suis le moins grand de
tous les grands, mais je suis assez grand pour marcher tout seul !
Après, on a mangé. Je
n'ai pas aimé ce qu'on m'a servi. C'était tout mouillé. Maman et
Papa devraient le savoir pourtant, je suis un petit garçon soigneux,
je n'ai pas envie de manger ce qu'on me sert quand ça me colle les
doigt, peu importe ce que ça goûte. Alors j'ai décidé de montrer
des trucs à ma Tatie. Elle aime ça quand je lui montre des trucs.
Je l'ai remarqué tout à l'heure parce qu'elle toussait comme moi.
Même si elle oublie d'arrêter. Je lui montre à secouer la tête de
droite à gauche vite, vite vite en disant « ahhhhhhhhhhh »,
en même temps. C'est drôle quand elle le fait, ses joues bougent et
ça fait un visage bizarre. J'aime ça lui apprendre ce truc là,
parce qu'elle recommence à chaque fois que je lui montre bien
comment il faut faire. Mais des fois, elle tousse. Ce n'est pas tout
à fait ce que je lui montre, mais je tousse un peu aussi pour
qu'elle sache que je comprends qu'on travaille ensemble.
Un moment donné, tout le
monde est parti. Il ne restait plus que Papa, Maman, Yatta (c'est le
chat) et moi. J'ai bu mon lait, et je me suis endormi, dur, dur, dur.
Et quand je me suis réveillé, toutes les belles choses qu'il y
avait dans le papier que j'ai déchiré, étaient encore là. À
commencer par la voiturette qui me permet de marcher.
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