2016
2016, tu auras été une
année lourde de morts qui se sont échelonnées tout au long de ton
parcours. De gens qui étaient des symboles ou des quidams fauchés
par la une envie de vengeance pluriséculaire qui se matérialise
aujourd'hui en dehors des zones de guerre où « le monde
civilisé » la cantonnait, plus ou moins consciemment, depuis
beaucoup trop longtemps. Si j'ai partagé certaines peines, si j'ai
été touchée par l'absence qui sera désormais infinie de certaines
personnes, je ne peux me résoudre à t'évaluer seulement à la
mesure de ce qui aura été fauché.
2016, sur tes sentiers
j'aurai pleuré. Beaucoup pleuré. Point pour moi de larmes
intarissables, mais plutôt des petites montées lentes et discrètes
du liquides lacrymal qui me brouillaient le regard à toutes sortes de
moments importuns. Mais j'aurai eu la sagesse de tourner la tête
pour ne pas me sentir observée plutôt que de laisser monter
l'adrénaline de mes mécanismes de défense. Ce faisant j'ai réussi,
presque à tous les coups, à garder le contrôle plutôt que de
déraper dans les colères qui me happaient habituellement toute
entière. Admettre, l'espace d'un battement de cœur, que je suis
faillible, friable émotionnellement disponible à un paquet de
sentiments, la tristesse en premier lieu.
2016, tu auras
indéniablement été logée sous le signe de la famille. Parce qu'un
petit bout d'homme s'est pointé le bout du nez quelques semaines
avant ton aube et que nous nous sommes regroupés autour de lui pour
le regarder grandir et êtres éblouis puis, tranquillement voir
émerger sa personnalité. Si au départ, on ne remarquait que les
ressemblances entre ses parents et lui, au fil des jours, on s'est
mis à discerner le garçon qu'il deviendra. Un garçon joyeux, qui
s'émerveille volontiers et qui câline ses personnes phares ou les
jouets qu'il préfère. Un garçon qui aime la musique avec toutes
les fibres de son corps et dont le rire est un bonheur qui met en
joie le cœur de tout ceux qui l'entourent.
2016, tu auras été une
année de défis professionnels. Que j'ai abordé avec beaucoup de
légèreté de prime abord. Je n'aurais jamais imaginé que les
quelques semaines que j'avais passées à expliquer les rouages d'un
système informatique dans différentes succursales, m'amèneraient à
plonger dans le vide d'un certain inconnu. Un inconnu où tout est à
mettre en place. J'avais fini par m'avancer dans cette voie, certaine
que la grosse chienne jaune de mes peurs resterait longuement à mes
côtés. Mais je m'étais trompée. Je me suis rapidement aperçue
que plutôt que de m'engluer dans la crainte, j'ai refais la
connaissance avec une certaine moi que je croyais depuis longtemps
oubliée. Une moi qui fonce en riant dans l'aventure quitte à me
rendre compte que l'atterrissage est inconfortable.
2016, le plus beau cadeau
que tu m'auras offert, c'est de me rendre mon talent pour le bonheur.
Celui de trouver quelque chose à apprécier dans chaque journée.
Celui de me sentir bien dans ma peau et de constater que d'autres que
moi le voient. Je l'ai mesuré, ces derniers mois, à force de
sourires ou de clins d’œil d'inconnus, comme à l'époque de mes
vingt ans, quand je rougissais à n'importe quel compliment.
Au final 2016, tu auras
été une année chargée. Je ne suis pas certaines de vouloir
revivre chacune de tes parties, certaines sont vraiment trop tristes,
mais je ne t'oublierai jamais, je t'en fais la promesse.
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