mardi, décembre 06, 2016

Je ne t'oublie pas

Il y a des années lors desquelles on te célèbre, d'autres lors desquelles tu passes presque sous silence.

Je n'oublie pas, j'en suis profondément incapable étant donné que je te perçois comme une pierre d'assise dans les choix que j'ai fait après avoir fait ta connaissance. Dans les choix que j'ai fait et qui ont participé à la définition de ma propre personnalité.

Je ne t'oublie pas, même si je ne connais qu'une de tes parties que de loin et seulement après les événements. Il me semblerait indécent de t'oublier où de te passer sous silence.

À toutes les fois ou j'ai entendu, ou lu le chiffre 14 aujourd'hui, j'ai vainement espéré qu'on me parlerait de toi. Mais non, les médias traditionnels se sont tus, collectivement. Heureusement, d'autres que moi ont souligné ton anniversaire, dans ces médias sociaux où l'on filtre mes intérêts pour ne me présenter que ce qui m'intéresse. Il faut bien quelquefois s'y rabattre, quand les autres qui ont le pouvoir de te dire, oublient te de te souligner.

Tu as 27 ans aujourd'hui. L'âge que j'avais à l'an 2 000. À partir du moment où j'ai su compter, il me semble, j'avais mis plein d'espoir dans ce moi de cette année charnière. Elle le fût, mais à des azimuts de ce que j'avais espéré. Puisque c'était pour moi, le début de la longue marche qui m'aura menée au Pays des zombies. Ma vingtaine n'aura pas été l’ascension étincelante vers les sommets les plus hauts de ma réussite personnelle et professionnelle. Je ne regrette cependant pas les chemins de travers que j'ai eu à prendre pour devenir celle que je suis aujourd'hui. Je crois que j'ai été capable d'en tirer les leçons nécessaires et en faire quelque chose de bien.

Je suis triste, ce soir, toute seule devant ma page blanche, à me dire que tu tombes dans les ornières de l'oubli du moment présent.

Pourtant, tout dans l'année écoulée nous a ramené à toi. À coups de fusils ou de machisme. À coups de gueule ou de klaxon. À coups de poing ou de verbe.

Je ne t'oublie pas Poly. Pour moi tu seras toujours une jeune femme en devenir dont la vie s'est arrêtée abruptement et absurdement, simplement parce que tu avais décidé de pratiquer un métier non traditionnel.

Et je me désole de voir quotidiennement des montagnes de jouets plus sexués les uns que les autres en me disant qu'au final, on n'aura très peu appris de toi.

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