dimanche, janvier 01, 2017

Dans l'antre du loup

Durant les seize dernières années, avec quelques interruptions, j'ai passé la veillée du Jour de l'An avec la même personne. Belle tradition que nous aimons toutes les deux. Sauf que cette année, nous avons décidé de changer nos traditions, sans heurt aucun. Je me préparais donc, depuis quelques semaines à passer cette soirée seule, heureuse de mon sort, pas du tout amère quand l'invitation est apparue sur mon fil de nouvelles. Je n'ai mis qu'une minute à prendre ma décision, ravie de ce changement de programme.

Je me suis donc rendue au nord-ouest de mes chemins habituels, dans un quartier que j'ai connu enfant et dont les apparences extérieures n'avaient que peu changées, malgré le fait que l'antre que j'allais visiter je ne l'avais jamais vue auparavant. Je ne savais pas trop comment j'allais m'y sentir, après tout, lorsqu'on est l'invitée d'un loup, il est possible que l'on n'en sorte pas tout à fait indemne. Je n'avais pas peur, simplement, je savais que ce serait beaucoup une fête familiale, et que les chances seraient bonnes que je sois la seule personne sans enfants dans le lot et que parfois, ça peut créer un certain malaise.

Il n'en fut rien. J'ai d'abord été accueillie, sur le pas de la porte par un nain de jardin d'une autre époque. Il me rappelait les scènes avec des nègres en plâtres qui animaient les pelouses de certaines maisons dans mon enfance. Ça m'a fait sourire sous cap et je n'ai même pas eu besoin de courage pour frapper à la porte, je savais que j'y étais bienvenue. Aussitôt entrée, j'ai été accueillie par un gros chien jeune et fou. Un chien qui voulait jouer, me faire la fête parce que j'étais une nouvelle amie potentielle et qui n'avait aucune espèce de notion du fait qu'il était plus fort et robuste que moi. Évidemment que j'ai figé. En moins d'une seconde, l'amoureuse du loup avait tout compris et fait disparaître la bête dans le sous-sol, histoire de me laisser le temps de me faire à l'idée.

Tous les personnages en présence étaient chaleureux et conviviaux. J'en connaissais certains à divers degrés de proximité, d'autres pas du tout, mais dans l'ensemble, c'était simplement confortable. Les discussions partaient dans toutes les directions, se mêlant et se démêlant à qui mieux-mieux. Et puis, nous nous sommes retrouvés en petite dizaine pour écouter les émissions de fin d'année. Rien de bien extraordinaire, cependant, partager ce moment avec des gens qui partagent généralement les même valeurs et référents et qui rient aux mêmes moments que soi, c'est assez magique.

Je me suis retrouvée sur le quai de la gare d'un métro vers 1h30 du matin. J'aurais cru que j'y serais presque seule, mais bien au contraire nous étions très nombreux. Il y avait bien évidemment quelques gens trop saouls qui menaient un train d'enfer, mais il me semblait que la plupart des passagers étaient, comme moi, des gens qui venaient de passer une bien belle soirée et qui désiraient seulement retrouver leur domicile, en toute sécurité.

Ce fut une soirée mémorable, pleine de tendresse de rires et de discussions animées. Une soirée pour me sortir de mes habitudes.

L'an prochain, peut-être que je recommencerai.

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