L'ordinaire d'une journée
La journée avait
pourtant assez mal débuté. Rien de très grave, une absence maladie
qui s'était déclarée sur le tard, me laissant un brin dans
l'embarras opérationnel. Un peu plus de course qu'à l'ordinaire,
surtout si on ajoute le fait que je suis généralement en congé le
dimanche. Mais bon, j'ai un jour dit à mon boss qu'il pouvait jouer
aux quilles dans mes horaires comme il le voulait à condition que je
le sache deux semaines d'avance. Alors je n'avais rien dit en voyant
mon horaire.
Et puis, j'aime le
service à la clientèle. J'aime donner des formations sur sur le
pouce, partager des connaissances ou des intérêts. Alors, je ne
suis jamais malheureuse quand les obligations me mènent dans ce
secteur. Et sérieusement, quelle que soit la succursale où j'ai
travaillé, le dimanche matin, ce n'est que rarement un moment
occupé. Je savais donc que j'allais survivre à la situation sans
trop de heurts.
Après cette matinée
échevelée, j'avais décidé de m'acheter les quatre premiers tomes
d'une série que j'ai envie de lire depuis longtemps, mais dont
j'avais retardé l'achat parce que je voulais être certaine que le
dernier tome de ladite série me soit accessible avant de la débuter.
Je savais que ce n'était pas une très bonne idée, parce que je
savais pertinemment que j'avais un texte à écrire et que la série
serait une tentation quasi irrépressible. La procrastination de
l'écriture trouvant toujours un moyen de s'insinuer dans la vie des
écrivaines dilettantes de mon accabit.
En sortant du travail,
avec l'envie de mordre dans mes livres à pleines dents, je me suis
aperçue que j'avais une série de messages que le béton de
l'édifice n'avait pas laissé passer. J'avais donc répondu à l'un
d'entre eux et m'étais mise en route, à pieds, pour le domicile de
cette amie en profitant des derniers rayons de soleil de cette belle
journée de janvier.
Je m'étais attardée
pour récupéré une petite création de céramique, ornée par mes
soins quelques semaines plus tôt, mais aussi pour profiter de la
compagnie de mon amie. Mais surtout pour lui demander de me faire
assez confiance pour m'acheter un voyage dans le Sud parce que mon
crédit est toujours à l'année zéro de ses possibilités. Elle
avait souris, ouvert son ordinateur, procédé à la transaction,
sans question aucune, sachant à l'avance que je la paierais rubis
sur l'ongle.
Alors voilà, je pars le
6 avril, toute seule pour Cuba. C'est la deuxième fois. Lors de ma
première expérience, j'avais peur. Aujourd'hui j'ai juste hâte. Je
sais que je ne m'ennuierai pas. Je sais que j'aurai assez de livres
pour me rassasier. Je sais que je vais me reposer et profiter de la
mer à satiété. Mais surtout je sais que si j'ai fait beaucoup
d'erreurs professionnelles et financières dans des choix passés, je
n'en ai fait aucune en établissant cette amitié.
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