Mauvaise sortie
Je jasais innocemment
avec la dernière employée avant d'armer le système d'alarme, comme
à toutes les fois où je ferme le magasin. Elle attendait près de
la porte que je finisse de taper mon code sur le clavier et j'allais
la suivre à l'extérieur quand ledit clavier a émis un bruit
étrange. J'avais donner le signe du départ à l'employée en lui
disant qu'on se retrouverait dans le métro.
Eh bien non. J'avais
retapé mon code et le clavier me disait qu'une quelconque zone était
ouverte. Sauf que les zones sont une entité nébuleuse. Il me
fallait donc refaire le tour de toute la succursale, vérifier chaque
porte, chaque fenêtre. Courir quatre étages dans toutes les
directions avec son manteau d'hiver sur le dos, ça donne chaud. Et
le clavier continuait à me narguer, la zone était toujours ouverte,
malgré mes efforts. Bien entendu, c'était la fin
de semaine au cours de laquelle mon boss était difficile à joindre.
Alors, il ne m'avait pas répondu. Près une vingtaine de minutes à
m'éreinter, j'avais fini par appeler son supérieur immédiat qui
avait refait avec moi le tour de toute la succursale (lui au
téléphone, moi sur les lieux).
Rien,
toujours le même message. Mon patron avait fini par me rappeler
pendant cette autre course autour de la galaxie pour me dire où
trouver le numéro de téléphone de la centrale d'alarme. J'avais
donc téléphoné pour essayer de me sortir du magasin. Bien entendu,
il fallait que je tombe sur un support technique débutant, qui ne
comprenait pas plus que moi quoi faire pour que je puisse quitter. Il
essayait de me donner les indications pour que je puisse esquiver la
zone lors de l'armement, mais rien de ce qu'il me disait ne
fonctionnait. Bref, en mixant deux ou trois de ses explications,
j'avais fini par trouver le moyen d'armer le magasin et de m'en
aller, 45 minutes après avoir initialement tenté une sortie.
Dire
que j'étais irritée est un euphémisme. Il serait plus juste de
dire que j'étais hors de moi. Bien entendu, le métro venait juste
de quitter la gare quand j'y avais mis les pieds et j'avais raté de
quelques secondes le transfert à Berri. J'avais fini par arriver à
la maison, épuisée, encore frustrée de ma fin de soirée. Je ne
rêvais que d'un bon verre de vin et d'un bon livre. Je m'étais donc
enfoncée avec délices dans mon divan afin de commencer ma
relaxation de fin de soirée. Je n'avais pas sitôt pris une gorgée
que les voisins du dessus sont rentrer de je-ne-sais-où en troupeau
d'éléphants. Aussi bruyants vocalement que du piétinement.
J'avais
soupiré bien fort, ce qu'ils n'avaient évidemment pas entendu,
sorti mes écouteurs et parti mon baladeur, histoire d'avoir au moins
de la musique réconfortante pour calmer mes nerfs à vif.
Et
ça avait fonctionné.
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