mercredi, février 08, 2017

Quand je n'aime pas l'hiver

Lorsque j'étais sortie de la maison, théoriquement quelques cinq minutes avant le passage de l'autobus sur la rue Ontario, je le voyais déjà à l'arrêt précédent et la file, généralement parsemée à cet endroit me semblait aussi volumineuse que celles qu'on voit d'ordinaire à des arrêts beaucoup plus fréquentés ; évidemment, beaucoup de quidam, comme moi, avaient décidé de ne pas affronter les trottoirs montréalais pour une saine marche de santé et que les transports en commun prenaient visiblement du retard à cause de la chaussée et de l'achalandage.

J'avais donc pressé le pas pour ne pas rater ce rare autobus afin de me rendre au travail. Bien entendu, celui-ci était aussi humide que bondé. Plein de gens peu habitués à utiliser ce trajet, qui poussaient du coude dans toutes les directions pour s'assurer de ne pas manquer l'arrêt auquel ils devaient descendre, bousculant tout le monde sans s'excuser, comme si les circonstance dressait la table pour un manque criant de savoir vivre.

Arrivée au coin de Berri, j'ai voulu entreprendre une traversée pour me rendre au métro. J'étais, comme qui dirait, mal prise. Parce qu'il n'y avait pas une flaque de slush aux abords du trottoir, mais une véritable piscine. Je ne voyais pas du tout quel chemin je pourrais prendre pour me rendre de l'autre côté. Immanquablement, les voitures autour, ne se gênaient pas pour plonger dans ladite piscine et colorer allègrement toute ma personne de jolies taches d'un brun déconcertant. J'avais fini par me dire que de faire le tour du monde (c'est-à-dire, traverser Berri, un peu plus haut, revenir sur mes pas, traverser Ontario et retraverser Berri) était à peu près ma seule option pour arriver à destination les pieds au sec.

Après ce détour, je m'étais rendue, clopin-clopant, à cause du mélange de glace et d'eau jusqu'à la station de métro tout en sachant pertinemment, que mon calvaire n'était pas terminé. Parce que depuis le début de l'hiver, je me demande si la ville de Montréal, sait que Jean-Talon est une artère commerciale. À toutes les fois où nous avons eu droit à une quelconque avanie météorologique, j'ai eu l'impression que ma petite rue résidentielle est mieux dégagée que Jean-Talon.

Ce matin ne faisait pas exception. Si j'avais pensé que le coin Ontario/Berri était une piscine, je n'avais pas encore croisé Jean-Talon/Drolet. La rue Drolet était elle-même une piscine. Au grand complet. J'avais dû remonter quelques dix maisons avant de voir l’asphalte, sous l'eau glacée. Comme, je le fais souvent, je m'étais arrêtée prendre un café avant de franchir la porte du magasin, parce que je me disais que je le méritais bien après tant de péripéties.

Mal m'en fit.

Je n'avais pas aussi tôt posé mon pied gauche sur ce qui était censé être mon lieu de passage, mon gobelet bien rempli à la main, que la chaussée s'est dérobée sous mes pas. Et qu'à peu près un tiers dudit café m'avait éclaboussé la figure et largement contribué à la décoration brunâtre de mon nouveau manteau gris.

Il y a des matins comme cela, au cours desquels l'hiver n'est franchement pas ma saison préférée.

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