Gérer mes extensions
J'ai toujours eu de la
difficulté à gérer mes extensions. Comprendre par-là que j'ai une
certaine tendance à oublier un paquet de trucs un peu partout,
surtout des affaires utiles. Toutes les personnes qui me connaissent,
dans mon quotidien. vous diront que je dois souvent revenir sur mes
pas, parce que j'ai oublié mes clés sur le bureau en quittant et
que je dois ouvrir le lendemain, et autres petits détours du même
genre. Gérer mon téléphone fut un long apprentissage : penser
quotidiennement à le mettre dans mon sac ou mes poches avant de
quitter maison ou travail, n'a pas été facile. Combien de fois,
particulièrement quand j'avais un rendez-vous amical tout de suite
après le boulot, me suis-je aperçue que mon téléphone était
resté quelque part à la maison et que j'étais rendue beaucoup trop
loin pour revenir sur mes pas? Je ne saurais le dire.
Et voilà que dans ce
fabuleux mois de mai que je viens de vivre, je me suis munie d'une
autre extension. En effet, j'ai enfin décidé de changer mes
lunettes. Je portais la même paire depuis 10 ans. Et si j'ai
beaucoup aimé ces lunettes,
je savais depuis longtemps qu'elles étaient plus que dues. Quand le
métal est rongé, on peut dire que l'objet a atteint le bout de sa
vie utile. Mais bon, remplacer ses lunettes n'est pas donné et j'ai
préféré, dans les dernières années, investir dans des voyages,
histoire de me changer le mal de place. Et puis, ma vue ne s'est pas
dégradée durant toutes ces années alors à tout prendre, je
préférais m'épivarder sous d'autres tropiques plutôt que
d'investir dans des lunettes.
Sauf que, changement de
prescription ou pas, je commençais à craindre que ces appendices
finissent par se rompre au moindre choc et que je trouvais que le
look papier collant sur l'arrête du nez ne serait pas des plus
seyant. J'ai fini par faire affaire avec une lunetterie qui offre un
deux pour un et je me suis ainsi procuré une paire de lunettes
soleil adaptée à ma vision. C'est la première fois que j'en ai et
je dois dire que ça fait une agréable différence de voir quelque
chose quand on se protège les yeux du soleil.
Mais bien entendu, cela
suppose une nouvelle extension à gérer. L'étui de mes lunettes
soleil à l'air d'un gros portefeuille obèse moucheté comme la
fourrure d'un léopard. Il n'est ni subtil, ni discret. Quel que soit
l'endroit où je le pose, je le vois. Ce qui ne m'empêche aucunement
de l'oublier un peu partout. Encore hier soir, je suis partie de chez
une amieS en le laissant sur la table de la cuisine, lunettes
solaires incluses. Évidemment, aujourd'hui, il fait un soleil
radieux, rien que pour narguer ma tête de linotte...
Dans le bureau de la
direction à Laval, j'avais une liste au mur qui me rappelait de
vérifier que j'avais bien mes clés de bureau, celles de la maison,
mon baladeur, mon téléphone et les bonnes chaussures avant de
partir. J'avais fini par ne plus vraiment en avoir besoin, ayant
appris à vivre avec toutes ces extensions.
Aujourd'hui, j'ai
l'impression qu'il me faut revenir à la case départ et réapprendre
une nouvelle liste qui inclus un étui à lunette, parce que si je
peux vivre quelque jours sans les lunettes soleil, je me vois d'ici
prise avec seulement celles-ci sur mon nez et je ne suis pas certaine
que j'ai tant envie que cela d'expérimenter le Sunglasses at
Night, peu importe l'affection
immuable que je porte à l'auteur de cette chanson.
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