dimanche, mai 07, 2017

Les pieds dans l'eau

Dans la maison où j'ai grandi, les printemps humides étaient chose fréquente. Il y avait bien une pompe près de la porte menant à la cave, mais on constatait fréquemment qu'elle peinait à sa tâche et les dernières marches devenaient inexistantes quelque temps. Par conséquent, j'ai longtemps assimilé l'odeur d'humidité à celle d'une cave. Comme je détestais me laisser surprendre par une mince couche d'eau quand je devais aller chercher quelque chose dans le congélateur qui était situé au fond de ladite cave.

Je ne sais pas comment mes parents géraient la situation, financièrement s'entend. Moi, je disais que nous étions inondés, sauf que j'ai compris qu'il s'agissait davantage de dégâts d'eau que d'inondation. Nous n'avons pas eu à évacuer la maison pour ces raisons, jamais. J'ai toujours dormi les pieds au sec, quoique j'aie pu en penser à l'époque. Bien entendu, le 14 juillet 1987 avait laisser entrer quelques millimètres d'eau dans la cave, cependant je garde davantage un souvenir de panne d'électricité, de chatte qui accouche et des images étonnantes de l'autoroute Décarie qui avait l'air d'une rivière davantage que d'une autoroute avec des voitures dont on voyait à peine l'habitacle, le reste étant sous la ligne de l'eau.

Il y a quelques années, ma sœur, fraîchement propriétaire d'une nouvelle maison, a vu son sous-sol être complètement inondé. Je sais que ça été une période très difficile pour elle et son amoureux, mais je ne crois pas en comprendre la réalité encore aujourd'hui. Je n'ai vu que des photos et si j'ai eu des échos de ce qu'ils vivaient, j'avais encore trop de colères et de frustrations latentes en moi pour être apte à en mesurer toute la portée. Je n'étais pas particulièrement familièrement fréquentable, aussi aie-je été sagement laissé dans l'ignorance de ce qui se passait au quotidien. Je sais cependant qu'ils ont tenu le coup, en partie, parce qu'ils avaient le Club à quelques minutes à pieds pendant l'été qui a suivi ce désastre. Alors ils y vivaient plus que moins pendant qu'ils reconstruisaient leur nid, pierre par pierre, c'est le cas de le dire.

Le temps passant, ma mère en est aussi devenue membre, pour profiter d'un bout de campagne à la ville et aussi de sa nouvelle vie de grand-maman. Cet endroit bucolique est donc devenu, un haut lieu de plaisirs estivaux. Mais voilà que ce matin j'ai vu des photos du Club totalement inondé. Plus de piscine, plus de terrain. Juste la rivière qui s'est étendue tout partout. Le refuge n'a même plus une île pour se réfugier lui-même.

Ce n'est pas grand chose, comparativement au drame réel que vivent plein de Québécois de toutes origines qui perdent beaucoup plus que simplement un lieu convivial ou il fait bon se reposer. Néanmoins, j'ai aujourd'hui le sentiment que ce printemps trop mouillé est en train de faire un énorme pied-de-nez à l'été et ses jours de farniente programmés.

J'ose quand même espérer que nous saurons collectivement tirer un certain parti de ces événement éprouvants. Un petit brin de solidarité, serait, me semble-t-il, bienvenu.

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