Sillonner le plaisir
Je crois que j'avais
oublié à quel point j'aime faire du vélo au cours des dernières
années. Pourtant, je sais de longue date que c'est pas mal le seul
sport que je pratique avec plaisir. Adolescente, je passais des
journées entières à sillonner les pistes cyclables du nord de
l'île avec des amies, faisant ainsi passer le cours d'une journée
de fin de semaine, l'air de rien.
C'est un peu comme
l'écriture, quand je ne le pratique pas, je me convainc de toutes
sortes de façons que ça ne me manque pas, mais dès que je me
remets en selle, je ne peux faire autrement que de constater que je
me fais très plaisir quand j'avale les kilomètres à coups de
pédales.
Lorsque j'ai décidé de
m'abonner à Bixi, je me disais que je reviendrais à la maison,
lorsque le cœur m'en dirait à vélo, et que ce serait très bien
ainsi. J'en suis assez loin. En fait, je crois que j'ai en un mois,
rentabilisé mon abonnement. Rien ne me déçoit davantage qu'un
matin de pluie quand je ne peux pas enfourcher de bolide pour me
rendre au métro Berri. Il me semble alors que la journée part sur
des bases qui tanguent.
Évidemment, comme je
n'ai pas vraiment pratiqué de sport, quel qu'il soit, durant les
dernières années, cette remise en forme, me rendre inévitablement
dans le corps. Je refais connaissance avec un certain nombre de
muscles que j'avais oublié avec insouciance. Surtout qu'un Bixi, par
définition, doit être utilisable par un paquet de personnes ayant
des formats fort différents. Comme je ne suis pas très grande, je
trouve que les guidons sont très larges. Les muscles de mes épaules
itou. Ce qui ne m'empêche pas de récidiver quotidiennement et de
redescendre allègrement du Marché Jean-Talon à la maison, même si
je dois souvent marcher assez longtemps avant de trouver un vélo
pour trouver vélo à mon pied.
Mais hier, je me sentais
paresseuse en finissant ma journée. J'ai donc pris le métro au lieu
du vélo. Pourtant, il faisait beau, je n'avais donc aucune raison
valable, si ce n'est l'espèce d'effervescence que je sentais autour
de moi, comme si les différents festivals en cours, ajouté à la
foule de la formule 1 composait un joyeux pot-pourri de passants aux
comportements routiers, disons aléatoires.
Ce matin, je me sentais
bouette et lourde. Je n'étais pas contente de moi parce que j'avais
choisi de paresser. Alors j'ai décidé de monter au travail en vélo.
N'étant pas complètement maso, j'ai tout de même choisi de marcher
jusqu'à la station sur Sherbrooke, il y avait 8 vélos disponibles à
ma sortie de la maison. Évidemment, ils s'étaient tous envolés
avant mon arrivée, mais j'en ai trouvé un pas tellement plus loin.
Il faisait chaud
aujourd'hui. Dire que je suis arrivée au travail en nage, tient de
l'euphémisme. N'empêche que je me suis sentie particulièrement
énergisée et fière de moi, considérant au bout du compte que
d'avoir eu à me passer à peu près trois litres d'eau au visage
avant de pouvoir commencer à travailler.
Tout cela pour dire que,
franchement, je ne devrais jamais arrêter de faire les choses que
j'aime, quelles que soient les raisons que je m'invente pour cesser
de les pratiquer. Parce que je me rend invariablement à l'évidence
que ces petites choses sont des assises solides pour que je me sente
bien. Et, ça, ça n'a pas de prix.
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