Feux d'artifice
Je dois avoir quelque
chose de tordu dans le cerveau parce que je n'ai jamais compris la
fascination des gens pour les feux d'artifice. Je trouve cela bien
joli à la fin d'un film, quand ça souligne une victoire, la fin
d'un cycle particulièrement périlleux et je me contente avec
bonheur des deux ou trois fusées qui colorent le ciel.
J'aurais pourtant aimé
monter dans le train. Je suis une excellente candidate à
l'émerveillement d'ordinaire, mais pas pour les feux d'artifice. Je
trouve généralement que c'est inutilement long et je me lasse
complètement lorsque la chose occupe plus de 5 minutes de mon temps.
Ce n'est d'ailleurs pas faute d'avoir essayé.
Adolescente, j'ai souvent fréquenté les berges du fleuve Saint-Laurent avec des amis, le samedi soir. Mais je regardais très peu ce qui se passait dans le ciel. De un, quelque soit l'endroit où je me trouvais, je ne voyais pas très bien, ou pas du tout, les effets qui se déroulaient à basse hauteur; je ce qui me faisait immanquablement décrocher du spectacle. De deux, j'étais généralement la seule personne sobre du groupe, ou peu s'en faut, ce qui fait que je gérais les hallucinations des autres le temps de nous ramener en sécurité dans Ahuntsic, largement dans les temps de mon couvre-feu.
Même plus tard, avec des
compagnons éminemment moins divertissants, je ne suis jamais arrivée
à me concentrer sur le spectacle assez longtemps pour en apprécier
la saveur, même après que j'eusse appris qu'il y avait des bandes
sons qui accompagnait la chose et qu'il était possible des les
syntoniser. Rien à faire, je trouve cela d'un désintérêt total.
À un point tel que je me
fais avoir au moins une fois par année. J'oublie totalement
l'existence de ces festivités, pourtant, je demeure à quelques pas
du site où les fusées sont lancée, ce qui me place donc au beau
milieu de l'agitation généralisée. Ce soir par exemple, j'ai pris
le métro pour rentrer à la maison, frustrée par le fait que toutes
les stations bixi aux alentours de mon domiciles n'aient aucun
ancrage de disponible. Je me suis donc résolue à prendre le métro
dans une chaleur aussi humide qu'étouffante et je trouvais que les
wagons étaient vraiment trop pleins. Je n'ai fait le lien avec les
feux d'artifice qu'au moment ou les wagons ont vomit des hordes de
passagers à ma station.
Je devrais pourtant le
savoir, ça fait presque dix ans que j'habite le secteur, sauf que ça
ne m'intéresse tellement pas que j'oublie d'une année à l'autre,
et même souvent d'une semaine à l'autre. Fa que je me retrouve
régulièrement coincée dans une foule de gens qui s'en vont admirer
les feux pendant que moi je peste en me disant que j'en ai encore
jusqu'à minuit avant de pouvoir fermer l’œil, parce qu'il
semblerait que le fait de faire des expériences de pensées
alternatives en regardant ces spectacles, reste toujours d'actualité.
Et ce soir, comble du
comble en arrivant à la maison, j'ai trouvé une lettre qui avisait
les résidents du quartier que pendant 10 jours, à compter de la
semaine prochaine, le festival de la fierté gay aurait lieu devant
la maison.
J'en conclu que je devrai
faire une bonne provision de sommeil dans les prochains jours, parce
que je suis pas mal convaincue que malgré toute la bonne volonté
des organisateurs, il sera géographiquement difficile de trouver le
sommeil avant des heures un peu trop avancées pour mon plus si jeune
organisme.
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