Panne caniculaire
J'avais passé une partie
de la soirée à écrire un texte, prenant bien soin de ne pas mettre
mon ordinateur sur mes genoux étant donné la chaleur ambiante.
Comme pour faire exprès, les mots de la chute m'échappaient
complètement faisant en sorte que je ne me résolvais pas à fermer
l'écran et donc une source de chaleur bien malvenue dans cette
atmosphère de canicule. Mon corps était gourd, mes doigts enflés
par la chaleur et je sentais la sueur me couler tout partout comme si
j'étais en train de produire un effort incommensurable. De guerre
lasse, j'avais abandonné le texte inachevé et j'avais entrepris de
me mettre à la lecture avec un succès mitigé parce que l'inconfort
dans lequel je me trouvais atténuait ma concentration malgré mes
efforts pour atteindre un degré assez limité dans la dépense
énergétique.
J'étais donc allée me
coucher pas tout à fait de bonne humeur, si ce n'était pas tout à
fait de bonne heure, travail de soir oblige. Parce que j'habite le
quartier que j'habite, je m'étais fait réveiller par des fêtards
vers quatre heures du matin et ça m'avait pris une bonne heure pour
me rendormir, après avoir changé mon ventilateur de place deux ou
trois fois avant d'arriver à trouver l'angle pour qu'il rafraîchisse
mon corps tout en évitant de m'assécher la gorge jusqu'à me faire
tousser.
Je m'étais réveillée
vers 9 heures, en sueurs, Comme si j'avais passer la fin de ma nuit à
courir un marathon. Je sortais d'un rêve dont je ne gardais aucune
mémoire, mais cette impression persistante que ce n'était pas du
tout agréable. Je me sentais lourde et absolument pas reposée.
Assise dans mon lit, je me demandais bien ce qui avait pu me
réveiller aussi soudainement. J'avais alors constaté que mon
ventilateur s'était éteint. Étant donné son âge vénérable,
pour un ventilateur, j'avais supposé qu'il était mort de sa belle
mort.
En sortant de ma chambre
pour aller à la toilette, j'avais croisé mon colocataire qui
m'avait annoncé qu'en réalité, nous n'avions plus d'électricité
depuis au moins une heure. Ça vous part mal un matin ça. Pas de
café du réveil, pas d'épluchage lent et minutieux des grands
titres des journaux sur l'ordinateur, pas de mots-croisés en ligne,
pas de petit déjeuner. Pas de douche, parce que franchement, une
douche à la chandelle, ne me disait rien qui vaille. Rien que du
temps à tuer. Je n'ai aucune espèce d'affinité avec les pannes
électriques en ville, c'est bien connu, et ces événements ne
faisaient rien pour changer mon impression généralement négative
des coupures de courant.
Dire que j'étais alors
de mauvais poil tient de l'euphémisme. Comme je travaillais en
soirée, il fallait que je me calme les nerfs à vif avant d'arriver
au boulot sans quoi j'aurais passablement malmené mes relations de
travail et mon service à la clientèle. J'étais donc aller passer
le temps dans un restaurant à déjeuners surchargés de touristes
allophones et où le service était plus que discutable. J'avais à
tout le moins réussi à me caler l'estomac ce qui était déjà un
départ potable pour remettre ma journée sur les rails.
Au final, nous avons
manqué d'électricité pendant presque 12 heures. Pour une raison
assez banale pour que rien ni personne ne juge pertinent de nous
expliquer le pourquoi du comment. Je pense que je déteste ce manque
d'information presque autant que les pannes électriques elles-mêmes.
Ce n'est pas peu dire.
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