jeudi, octobre 12, 2017

Enfermement involontaire

On a le wifi en saut de puces à la maison depuis quelques temps. D'ordinaire, ces manifestations se produisent lors des heures de pointe et ne durent que quelques secondes, allant parfois jusqu'à la quinzaine de minutes, rien de bien grave somme toute.

Sauf qu'hier, mon ordinateur ne voulait rien savoir de se brancher sur le réseau. Pendant plusieurs heures. Je me sentais complètement emprisonnée à l'intérieur de moi. Parce qu'on était mercredi et que je devais, au moins commencer, à réfléchir à un texte à présenter. Mais comment on fait pour présenter un texte, une réflexion sur un quelconque sujet si on a pas accès à notre principal outil de diffusion? Sérieusement, j'étais incapable d'écrire, malgré la page ouverte sur le traitement de texte. Comme si en n'ayant pas de point de chute qui rencontrerait éventuellement un certain lectorat, ma plume, mes idées, n'avaient plus de raison d'être.

Ce n'est certes pas l'exacte vérité, mais cet événement a fait en sorte de me permettre de vérifier pleinement à quel point mon lectorat m'importe. Pas que je passe des heures à regarder les statistiques de lecture de mes texte, en fait, je ne les regarde que vaguement, mais je vous sais quelque part à l'autre bout de mes mots et de mes maux. Je sais que lorsque je m'exprime quelqu'un quelque part entend ce que je dis. Et ça fait toute la différence du monde. Surtout lorsque je vis des choses qui me sont ardues. Pas nécessairement des choses sur lesquelles j'écris, du reste. Il arrive souvent que les sujets les plus tendus, je les passe sous silence. Par souci d'équité envers une personne qui pourrait m'irriter, par exemple, parce que si je me suis créé une tribune d'expression, il n'est absolument pas garanti que cet autre individu pourrait se défendre si j'exprimais en ces pages des frustrations trop précises. Et le plus souvent parce que je n'ai pas envie semer l'intimité d'autrui sur une plate-forme qui ne lui appartient pas.

Néanmoins, mes exercices littéraires sont essentiels pour ma santé mentale. Je le sais depuis fort longtemps et je le mesure actuellement. Depuis le début de l'année, j'ai vécu assez de situations stressantes pour ébranler la plupart des gens, et moi au premier chef. Sauf que je ne me suis pas choquée une seule fois. J'ai versé des larmes de rage comme de dépit, j'ai fait des discours enflammés qui sont tombés dans des oreilles amicales et surtout, j'ai canalisé ici mes peurs et mes angoisses en les mutant en autre chose.

Cependant, il est clair que sans ces yeux qui se posent sur mes écrits, l'exercice d'évacuation n'aurait pas du tout la même portée. Parce que je ne pourrais être certaine que quelqu'un m'ait entendue.

Et je crois que, fondamentalement, j'ai besoin de l'être.

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