jeudi, septembre 14, 2017

Éclats nocturnes

C'était un soir de milieu de semaine, l'école n'était pas tout à fait recommencée, mais les familles étaient de retour dans le quartier, l'achalandage dans le magasin en faisant foi. Un jeune homme dans un drôle d'état s'était présenté à la caisse pour récupéré une commande qui n'était pas à son nom et il n'avait rien sur lui qui nous indiquait qu'il était autorisé à la récupérer. Je lui avais donc fermement dit que je ne pouvais pas la lui donné simplement parce qu'il affirmait que la personne ayant passé la commande était sa mère.

Il m'avait lancé un regard torve tandis qu'un gros mottons de mucus lui coulait de la narine gauche pour se loger fermement dans sa moustache mal coupée. Une quinzaine de minutes plus tard, je recevais un appel de la dame courroucée qu'on n'ait pas remis son film à son fils. Il était clair qu'elle était soûle, d'ailleurs elle le disait sans ambages, elle ne parlait pas, elle hurlait, sans s'apercevoir du volume hallucinant de son ton. Elle n'écoutait rien de mes arguments, se contentant de me traiter de tous les noms et surtout d'incompétence. J'avais fini par lui dire qu'elle pouvait renvoyer son fils avec une note signée de sa main à elle et que je remettrait la commande au jeune homme.

Finalement, elle s'était pointée elle même en succursale, en hurlant, bien entendu. Tous les clients encore présents voulaient rentrer dans le plancher tellement ils se sentaient mal devant ce personnage rocambolesque. L'employée qui l'avait accueillie pour aller chercher sa commande avait voulu lui expliquer que c'était par mesure de sécurité que nous avions refusé de remettre à un tiers une commande pré-payée et elle s'était fait répondre : « Va chier » d'une manière assez tonitruante pour être entendu dans les moindres recoins de la succursale. Non contente d'avoir été, disons, impolie, avec la libraire, la dame avait insisté pour me voir. Je m'étais donc rendue à l'échafaud, parce qu'une part de mon travail est justement de servir de bouclier entre ce genre de client et les employés.

Elle m'avait alors dit : « Heille, cocotte, on peut tu s'entendre sur quelque chose? Quand je suis trop soûle pour venir chercher mes commandes, c'est mon gars qui va venir pis tu vas y donner. C'est clair hein? » Je lui avais répondu que si, et seulement si, elle nous appelait ou envoyait une note pour nous en aviser, on pourrait lui remettre sa commande. Mais pas autrement. Elle était partie exaspérée en claquant la porte devant mon manque de la collaboration.

J'étais allée prendre le métro complètement vannée de mon expérience, bien heureuse de retrouver l'anonymat paisible des wagons. Ben non, j'étais tombée dans un wagon rempli de jeunes adultes en périodes d'initiation. Disons que la paix n'était pas tout à fait au rendez-vous. Ils n'étaient pas déplacés, simplement tout à fait bruyants c'était bien la dernière chose dont j'avais besoin après ma très joyeuse expérience de service à la clientèle.

Il y a des soirs, comme ça, où la vie ne veux pas être paisible.

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