2017
Ah 2017! Tu auras été
une année, mouvementée, c'est le moins que je puisse dire. Sans
respect pour la chronologie des événements je me contenterai ici de
tracer les esquisses des émotions que tu m'auras fait vivre.
En premier lieu,
l'enfermement. Les fêtes du 375e anniversaire de Montréal ne
m'auront été d'aucun repos. Comme j'ai raconté en ces pages la
presque totalité des aléas que ces festivités m'auront fait subir,
je ne ressens pas le besoin d'y revenir en détail, n'empêche que je
me suis sentie prise en otage dans ma propre vie. Abonnée à Bixi,
je n'ai pu utiliser le service comme bon me semblait que pendant deux
mois. Le reste du temps, les bornes disparaissaient tout autour de
mon logis à une telle fréquence que je ne pouvais pas utiliser ce
service. Les lignes de bus étaient tout aussi aléatoire tandis que
les sens uniques, les feux de circulation, passages piétons
changeaient de place au gré des événements et ces modifications
nous étaient annoncées au moment où elles étaient appliquées et
pas avant. Dire que j'en avais plein mon casque de toutes ces choses
qui m'envahissaient est un euphémisme. J'ajouterais que ces
inconvénients n'étaient ni mineurs ni passagers contrairement à ce
que l'ancien maire claironnait. Quatre mois sur 12 à se sentir mal
chez soi, c'est plus qu'une broutille, je crois.
J'ai aussi vécu des
situations difficiles dans certaines sphères de ma vie. Situations
tendues à l'extrême, mêlées à de bonnes doses d'incompréhension
pimentées par un zeste de mauvaise foi. Tous les ingrédients
étaient réunis pour que je sorte de mes gonds en cris et en force.
Je suis fière de dire que je n'ai pas hurlé, pas une seule fois.
J'ai pourtant senti monter l'adrénaline comme un volcan capricieux.
Et je me suis arrêtée une seconde pour me demander ce que je
ressentais vraiment. Et c'était beaucoup de peine dans un brin
d'orgueil blessé. Alors je me suis assise et j'ai pleuré. Je me
suis adressée aux bonnes personnes pour exprimer mon mal-être, pas
tant à celles qui me blessaient sur le coup, mais à celles qui
pouvaient m'aider à me calmer, à voir les choses sous un autre
angle avant d'aller trouver les loups dans leurs tanières pour les y
confronter. Et contrairement à toutes les fois où j'ai laisser la
colère me happer en de telles circonstances, je n'ai vécu aucune
culpabilité par la suite, aucun regret. Et au bout du compte, j'ai
été à la fois davantage écoutée dans ce que j'avais à dire et
respectée aussi, je crois.
Je me serai aussi payé
le luxe de deux voyages en solitaire. Qui m'auront indubitablement
enrichie. Par les rencontres que j'ai pu y faire, mais aussi parce
que je m'y découvre un peu chaque fois. Et si j'ai eu une presque
frousse lors de mon second retour, parce qu'Irma soufflait dans mon
dos mais surtout dans le cou de plusieurs personnes que j'avais
laissées derrière moi, je suis heureuse de les avoir fait, d'avoir
choisi de m'occuper de moi, un peu.
Mais surtout et avant
tout 2017 tu resteras gravée dans ma mémoire comme une année
victorieuse. Fini les dettes. Fini cette longe qui me tenait la bride
depuis de trop nombreuses années. Fini l'impression d'être
inadéquate et incomplète dans un monde qui fonctionne à crédit.
J'ai retrouvé ma liberté avec beaucoup plus de crédit que ce dont
j'ai besoin. Par habitude de la pauvreté et du serrement de ceinture
qui va avec, je n'utilise que ce que je peux payer immédiatement. Ce
qui n'a au fond que très peu d'importance puisque l'essentiel c'est
que j'ai réussi toute seule à gravir cette montagne pour enfin
pouvoir admirer le paysage de ma propre existence.
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