dimanche, décembre 31, 2017

2017

Ah 2017! Tu auras été une année, mouvementée, c'est le moins que je puisse dire. Sans respect pour la chronologie des événements je me contenterai ici de tracer les esquisses des émotions que tu m'auras fait vivre.

En premier lieu, l'enfermement. Les fêtes du 375e anniversaire de Montréal ne m'auront été d'aucun repos. Comme j'ai raconté en ces pages la presque totalité des aléas que ces festivités m'auront fait subir, je ne ressens pas le besoin d'y revenir en détail, n'empêche que je me suis sentie prise en otage dans ma propre vie. Abonnée à Bixi, je n'ai pu utiliser le service comme bon me semblait que pendant deux mois. Le reste du temps, les bornes disparaissaient tout autour de mon logis à une telle fréquence que je ne pouvais pas utiliser ce service. Les lignes de bus étaient tout aussi aléatoire tandis que les sens uniques, les feux de circulation, passages piétons changeaient de place au gré des événements et ces modifications nous étaient annoncées au moment où elles étaient appliquées et pas avant. Dire que j'en avais plein mon casque de toutes ces choses qui m'envahissaient est un euphémisme. J'ajouterais que ces inconvénients n'étaient ni mineurs ni passagers contrairement à ce que l'ancien maire claironnait. Quatre mois sur 12 à se sentir mal chez soi, c'est plus qu'une broutille, je crois.

J'ai aussi vécu des situations difficiles dans certaines sphères de ma vie. Situations tendues à l'extrême, mêlées à de bonnes doses d'incompréhension pimentées par un zeste de mauvaise foi. Tous les ingrédients étaient réunis pour que je sorte de mes gonds en cris et en force. Je suis fière de dire que je n'ai pas hurlé, pas une seule fois. J'ai pourtant senti monter l'adrénaline comme un volcan capricieux. Et je me suis arrêtée une seconde pour me demander ce que je ressentais vraiment. Et c'était beaucoup de peine dans un brin d'orgueil blessé. Alors je me suis assise et j'ai pleuré. Je me suis adressée aux bonnes personnes pour exprimer mon mal-être, pas tant à celles qui me blessaient sur le coup, mais à celles qui pouvaient m'aider à me calmer, à voir les choses sous un autre angle avant d'aller trouver les loups dans leurs tanières pour les y confronter. Et contrairement à toutes les fois où j'ai laisser la colère me happer en de telles circonstances, je n'ai vécu aucune culpabilité par la suite, aucun regret. Et au bout du compte, j'ai été à la fois davantage écoutée dans ce que j'avais à dire et respectée aussi, je crois.

Je me serai aussi payé le luxe de deux voyages en solitaire. Qui m'auront indubitablement enrichie. Par les rencontres que j'ai pu y faire, mais aussi parce que je m'y découvre un peu chaque fois. Et si j'ai eu une presque frousse lors de mon second retour, parce qu'Irma soufflait dans mon dos mais surtout dans le cou de plusieurs personnes que j'avais laissées derrière moi, je suis heureuse de les avoir fait, d'avoir choisi de m'occuper de moi, un peu.

Mais surtout et avant tout 2017 tu resteras gravée dans ma mémoire comme une année victorieuse. Fini les dettes. Fini cette longe qui me tenait la bride depuis de trop nombreuses années. Fini l'impression d'être inadéquate et incomplète dans un monde qui fonctionne à crédit. J'ai retrouvé ma liberté avec beaucoup plus de crédit que ce dont j'ai besoin. Par habitude de la pauvreté et du serrement de ceinture qui va avec, je n'utilise que ce que je peux payer immédiatement. Ce qui n'a au fond que très peu d'importance puisque l'essentiel c'est que j'ai réussi toute seule à gravir cette montagne pour enfin pouvoir admirer le paysage de ma propre existence.

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