dimanche, décembre 17, 2017

Spirale de l'Avent

J'ai fréquenté, enfant, une école privée avec des valeurs et des méthodes pédagogiques qui étaient passablement différentes du système scolaire conventionnel. Si je me rappelle très bien mon passage dans ce milieu, je ne peux pas dire que je connaisse la philosophie sous-jacente à cet enseignement. En fait, je le vivais beaucoup plus que je ne le théorisais. Mes voisines trouvaient bien étrange ce qui m'était enseigné et surtout la manière dont c'était enseigné. Moi, je n'y voyais qu'un puits sans fond de connaissances et un milieu de vie relativement agréable, si l'on fait fi de l'intimidation à laquelle je faisais face.

À cet école, il y avait toutes sortes de rituels qui me plaisaient ou non. Tous les lundis matins, toute l'école se retrouvait dans la Grande-Salle pour débuter la semaine. Je ne pourrais absolument pas dire ce qui s'y disait, cependant j'en garde un souvenir marqué, malgré ma mémoire défaillante.

Nous attendions tous, je crois, le premier lundi de l'Avent. Parce que celui-ci amenait avec lui une dose de magie et de merveilleux sans égal. La première chose que je remarquais, c'était l'odeur; un chaleureux mélange de sapinage et de cire d'abeille. Sur le sol, devant nos yeux ébahis, une énorme spirale couvrait pratiquement tout l'espace disponible. Un à un, les enfants allaient allumer une chandelle dans la grande spirale. Nous devions aller allumer notre propre chandelle au cendre du labyrinthe et revenir sur nos pas, sans que la chandelle ne meurt pour la déposer à l'endroit prévu, sur le parcours. Évidemment, les petits étaient les premiers appelés. Ils n'avaient que peu de pas à faire avec leur chandelle allumée pour illuminer à la fois le plancher et l'ensemble de la salle, peu à peu.

J'ai toujours été dans la classe des grands, à partir de la troisième année. J'étais de la classe d'ouverture. Alors, forcément, j'ai eu à marcher longuement avant de déposer la chandelle, les jambes tremblantes, ne voulant pas que celle-ci s'éteigne dans ma main. Il ne fallait pas marcher trop vite, quelquefois même s'arrêter pour que l'âme du feu ne s'éteigne pas. Il me semble que les fautifs devaient retourner sur le pas, pour rallumer le feu et finir par atteindre l'objectif. Je ne me rappelle pas de ce qui m'était enseigné sur l'a signification de l'événement. Moi, j'avais l'impression d'allumer une lumière pour aider le soleil à reprendre de la force pour qu'il puisse commencer à chasser la noirceur, avant la fin du mois.

Tout cela pour dire que pour moi, la magie de Noël, s'est éteinte quand j'ai quitté cette école parce qu'il n'y avait pas de classe du niveau que j'avais atteint. Ça faisait des lustres que je croyais plus au Père Noël, des années que je comprenais le côté mercantile de cette fête. La question n'était pas tant de ma très grande candeur plutôt que de l'absence d'un rituel qui allumait la magie.

Comme je suis une personne très chanceuse, j'ai de l'imagination. Si le merveilleux et la magie de Noël a peu à peu perdu de son éclat, j'ai toujours su préserver l'âme du feu quelque part gravé sur mon cœur et je suis encore capable, année après année, de voir un peu de cette féerie avec mes yeux d'enfant.

C'est ce qui me permet d'écrire, je crois.

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