jeudi, décembre 21, 2017

Fragments de décembre

À l'orée d'un parc, des parents ont troqué les poussettes pour des luges qu'ils ont attachés à leurs tailles. Ils courent de concert pendant que derrière eux les enfants égrènent des pétales de rires à chaque nouveau cahot proposé par l'inégalité du sol. Les vacances ne sont pas tout à fait entamées, le Père Noël n'a pas encore visité les chaumières, mais l'esprit est déjà à la fête, au plaisir d'être en famille, leurs yeux brillent déjà comme les lumières des sapins qui égaillent les longues nuits de l'hiver.

Dans un autobus trop plein, deux petits garçons les yeux brillants, babillent sans vergogne. Visiblement, pour l'un c'est un premier voyage dans l'engin, il est curieux de tout et paradoxalement très sage sur le bout de son siège, près de sa maman tout en gardant un air d'indépendance. Il ne parle pas, il observe ce qui se déroule devant ses grands yeux noirs. Devant lui, l'autre garçonnet a pris ses aises, il s'est éloigné de sa propre maman d'un banc et tient fermement sa doudou sur son cœur souriant à pleines dents devant la preuve qu'il étale devant tous du fait qu'il soit grand.

Dans les tunnels du métros, il y a des hordes de petits lutins qui s'épivardent à qui mieux mieux. Ils ne ressemblent pas tellement aux lutins des contes, mais je sais que ce sont ceux qui allument la magie à force d'y croire. J'ignore quelle sont leurs destinations mais la fin des classes approchant je suppose que plusieurs classes du premier cycle du primaire ont des activités spéciales à l'horaire. Ils sont évidemment surexcités, leurs voix suraiguës donnent des maux de tête, surtout quand on est coincé dans le même wagon qu'eux. La plupart des gens prennent leur mal en patience ou même sourient devant tant de candeur.

Sur le coin d'une rue, une enfant hurle parce qu'elle devra mettre ses jolies bottes neuves dans la piscine de slush qui s'étale sur la chaussée. Il n'y a pas de moyen de l'éviter parce que les bancs de neiges, même mineurs, empêche toute forme de détour. Son papa essaie de lui dire que les bottes sont prévues à cet effet et qu'elle ne les abîmera pas, rien n'y fait. De grosses larmes lui roulent sur les joues jusqu'au moment où le papa finit par la cueillir pour lui faire enjamber le fâcheux passage. Et le regard qu'elle lui réserve indique clairement aux indiscrets de mon acabit que le papa s'est transformer en idole.

Dans la librairie, j'ouvre les albums, les livres, en montrant aux parents immédiats ou éloignés les illustrations et les mots qui jalonnent les ouvrages. Mon petit public me regarde avec attention, surpris de voir avec quel plaisir je partage mes découverte comme si j'avais tous les âges ciblés tour à tour. Du fond du magasin, une petite fille échappe à la surveillance de sa maman quelques instants et s'installe à mes pieds sur un sol particulièrement mouillé et sale le regard tourné vers moi. Elle dira, quelques instants plus tard, qu'elle avait voulu assister à l'heure du conte.

Petits bonheurs qui s'étalent sur une seule journée, fragments de décembre, à partager.

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