jeudi, février 22, 2018

Deux minutes avec Sonia

Je suis née à une époque où toutes les télévisions n'étaient pas en couleurs. Le câble était une denrée rare et l'internet n'existait pas pour la plupart des gens. Les albums de musique se vendaient comme des petits pains chauds et il n'était pas rare de voir des files se masser devant les portes de chez Sam ou des Archambault pour la sortie attendue d'un titre en particulier. Les foules y étaient alors tellement impressionnantes que cela faisait les manchettes.

J'ai connu la grande nuit des vidéo. Par personne interposée et jour interposés aussi parce que nous n'avions pas le poste à la maison. Mais des amis l'avaient et j'avais pu en regarder une partie sur les cassettes bêta d'une de mes amies. J'étais à l'école primaire à l'époque, mais je m'en rappelle encore très clairement.

Plus tard, il y eu une émission à CBC les soirs de semaine qui nous permettait de voir les vidéos de nos artistes favoris. C'était une grand messe que personne ne pouvait se permettre de manquer sous peine de passer à côté de toutes les discussions du jour suivant et d'être irrémédiablement rejeté par nos pairs.

Et puis, il y a eu Musique Plus.

C'est presque impossible de faire comprendre qu'elle en était l'importance à des jeunes d'aujourd'hui. Tout le monde écoutait Musique Plus et connaissait ses animateurs. Ils étaient des vedettes au même titre que les personnes avec lesquelles ils faisaient des entrevues. Le samedi après-midi, les ados se massaient devant les larges vitrines de la rue Sainte-Catherine pour essayer de voir ce qui s'y passait. Et quelquefois même, on se revoyait passer en espèce de trame de fond lors d'une de nos émissions favorites.

Même si nous n'avions pas le câble chez-nous, j'étais tout aussi bien informée de ces sujets importants que le reste de mes congénères parce que des amies l'avaient et que comme à peu près tous les reportages était souvent rediffusés, on faisait des rattrapages de fin de semaine pour rester dans le coup.

Évidemment, j'ai vieilli et avant même la fin de mon cycle secondaire, Musique Plus et les vidéos avaient perdus de l'importance à mes yeux. N'en demeure pas moins que c'était un genre d'institution qui a sans doute marqué plus d'une personne de ma génération.

Les temps ont changés, l'étoile de Musique Plus a pâli. Les animateurs ont tour à tour perdu leurC micros, leur visibilité, certains plus drastiquement que d'autres sauf que leurs voix ont laissé des traces permanente dans ma mémoire et que je les reconnais toujours au premier mot qu'ils prononcent dans des entrevues de plus en plus rarissimes.

C'est sans doute pourquoi, j'ai reconnu Sonia Benezera au premier coup d’œil lorsqu'elle a mis le pied dans le magasin. Elle était très maquillée, sortant visiblement d'un tournage, ce qui me faisait plaisir pour elle. Elle cherchait désespérément un mouchoir pour rajuster le maquillage qui coulait à cause de le petite pluie qui tombait dehors. Je me suis empressée de lui en tendre un et entre deux de ses éclats de rire bien connus et m'a fait comprendre à quel point tout ce maquillage était ridicule même si nécessaire, se moquant d'elle-même en toute simplicité et avec une bonne humeur chaleureuse.

J'ai toujours pensé qu'elle devait être une femme très gentille pour arriver à tirer les confidences des artistes, ce qui avait fait sa renommée à une autre époque.

Maintenant, je sais qu'elle est encore mieux en vrai qu'à la télé.

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