jeudi, février 08, 2018

Question de rapidité

Déjà au téléphone, ça avait été ardu. L'homme avait une voix ténue et il parlait très lentement. Il voulait savoir si on avait un animé japonais en particulier avec le boîtier en carton qu'il y a parfois sur ce genre d'objet. Il avait beaucoup insisté sur ledit carton, s'assurant trois fois plutôt qu'une que j'avais bien compris sa demande. Je lui avait offert de faire une mise de côté, mais il n'était pas tout à fait certain de trouver le courage de se déplacer jusqu'à notre succursale en cette journée de neige.

C'est ainsi que vers la fin de la soirée, quand j'ai croisé un petit homme chaudement vêtu, comme quelqu'un qui connaît l'hiver de l'intérieur, j'ai tout de suite su que c'était l'homme des animés japonnais. Il avançait aussi lentement que son débit de voix et malgré le fait que le magasin allait fermé dans pas si longtemps, il ne donnait pas le moins du monde l'impression d'être pressé. Je lui avais indiqué la section des animés dans laquelle il avait fouillé avec minutie.

Après avoir fait ses choix, il s'était dirigé vers la caisse et ma collègue et moi avons franchement dû étouffer un certain nombre de rires qui auraient été fort malvenus. Tout était long. Poser ses gants sur le comptoir, sortir son argent, bien calculer le montant qu'il nous remettait, examiner la facture pour s'assurer qu'elle ne contenait pas d'erreur. Le tout en nous racontant un paquet de petites historiettes sur ses aventure récente dans le monde extéieur Mettre ses achats dans son sac plastique réutilisé, ranger le tout dans son sac-à-dos et reprendre tranquillement le chemin de la porte, pendant qu'une petite file se créait derrière lui parce qu'évidemment, il n'y avait qu'une seule caisse ouverte d'autant que par jour de tempête, ouvrir deux caisses ne nous serait pas vraiment passé par l'esprit.

Ceci étant dit, il était éminemment sympathique. C'est d'ailleurs pour cela que ma collègue et moi ne voulions pas du tour rire. Il nous amusait parce qu'il était différent et nous rappelait un personnage de dessin animé que nous apprécions toutes les deux, cependant il était tout à fait le genre de client qu'on aime beaucoup.

Bref, il allait nous quitter quand il avait avisé la table de soldes d'hiver et s'était décidé à y fouiller un peu se rapprochant ainsi dangereusement de l'heure de la fermeture en toute innocence.

Et rebelote, la transaction lente à la caisse pour un livre trouvé au hasard de ses pérégrinations. Pendant que deux femmes retardataires s'étaient engouffrées dans le magasin pour dénicher tout ce que nous avions en terme de licornes, attendaient patiemment que monsieur termine de tout payer et tout remettre méthodiquement dans ses sacs avant de finalement reprendre le chemin de son domicile.

Au final, c'est par une journée de demie tempête que je suis sortie le plus tard du magasin dans les dernières semaines. Pas parce que la journée avait été particulièrement occupée, au contraire, mais bien parce que les quelques courageux qui avaient décidé de nous visiter, s'étaient en quelque sorte donné le mot pour le faire le plus tard possible et que l'un deux n'avait visiblement que la vitesse lente dans son registre.

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