Un pas en arrière
J'ignore combien de
personnes habitant au Québec cet hiver qui ne sait pas que les routes
sont dangereuses cet hiver, la première idée que j'avais était en
fait les routes sont de la marde, mais ça a l'air qu'il y a encore
des innocents qui ne savent pas que la conduite est un privilège et
que ça impose quelques responsabilités.
Je suis une piétonne
peureuse, une cycliste prudente et une automobiliste inexistante.
Dans des conditions atmosphériques comme celles qui nous occupent
actuellement, ces attributs m'ont probablement sauvé la vie, il y a
quelques heures.
Je suis allée souper
chez ma mère. Un petit repas entre nous. Seules toutes les deux
comme ça faisait longtemps que nous n'avions pas pris le temps de le
faire. Pour ma part, ce genre de repas est une pause dans
l'existence. On n'a qu'un mère dans la vie et le rapport que l'on a
avec elle a quelque chose d'unique et de rassurant. En tout cas, pour
moi.
Je me rendais donc, à
pied, à la station de métro Sauvé après un bel épisode mère
fille précautionneusement dans la moulée qui tombait du ciel et qui
encombrait la chaussée. Comme je l'ai mentionné plus haut, je suis
une piétonne peureuse. Ce qui fait que j'ai tendance à attendre que
les voitures soient bien arrêtées avant de m'avancer dans les
intersections, surtout lorsque celles-ci comportent plusieurs voies.
C'est ainsi que j'ai
attendu que les voitures soient bien immobilisées sur la rue
Lajeunesse avant de la traverser. Il y avait des véhicules dans les
deux premières voies et tandis que j’apercevais, un coin de rue
plus haut, une voiture dans la troisième voie quand je m'y suis
engagée. C'est plusieurs secondes de marche. J'atteignais la
troisième voie lorsque la voiture que j'avais vue au loin est
apparue dans mon champs de vision pendant qu'un autre véhicule
allant dans la même direction que moi avançait et l'a percutée de
plein fouet.
J'ai tout vu, j'ai même
eu le temps de reculer de trois pas avant l'impact. Rien de bien
méchant, un peu de tôle froissée mais rien de plus. Une fois en
sécurité sur le trottoir, le conducteur de la voiture qui allait
dans le même sens que moi s'est précipité hors de son véhicule
avec un énorme accent hispanophone, s'est précipité sur moi pour
s'assurer que j'allais bien. Après quoi il m'a demandé si
j'acceptais de lui laisser mon numéro de téléphone au cas où mon
témoignage aurait de la valeur.
Pendant ce temps, la
conductrice de l'autre voiture disait qu'elle avait manquer de break
(ses mots, pas les miens) et invectivait l'homme qui voulait appeler
la police en lui disant : « Ben là, ton char yé juste
rayer, regarde le mien ».
J'ai retenu mes
commentaires, mais je peux affirmer que, pour une fois, la fautive
était davantage pénalisée que l'autre partie. Sérieusement, elle
n'avait aucune raison de ne pas s'être arrêtée à temps, à moins
d'avoir attrapé son permis de conduire dans une boite de quaker
jack.
En conclusion, tous les
usagers de la routes devraient savoir que lorsque le ciel du Québec
nous offre de telles giboulées, le seul moyen d'en sortir vivant est
de redoubler de prudence, on ne sait jamais à quel point des
réflexes élémentaires peuvent nous sauver la vie.
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