jeudi, janvier 04, 2018

Aubes hivernales

Le retour tranquille au travail après les vacances de Noël a toujours quelque chose d'un peu décalé. Surtout lorsque, comme c'est le cas cette année, les vacances ont débuté à peine quelques jours, voire quelques heures avant le jour J. Ceci fait en sorte que, pour beaucoup, les vacances ne sont pas encore terminées et ceux pour qui elles le sont se reconnaissent presque d'une journée à l'autre, dans un wagon beaucoup moins bondé qu'à l'ordinaire.

Il me semble que nous prenons tous des habitudes, naturelles, comme les places qu'on prend à table dans une famille nombreuse comme si les noms de tout un chacun était inscrit au fer rouge sur les chaises. Ainsi, dans les derniers jours, j'ai eu le même voisin de banc tôt le matin. Je ne sais pas si il fini ou débute sa journée. Je parierais sur la première hypothèse parce qu'il dort à poings fermés pendant tout le trajet et qu'immanquablement il se réveille en sursaut quelques secondes avant que sa tête ne tombe sur mon épaule. J'ignore quel est son métier, mais il sent discrètement les épices, le curry en particulier. Entre cela et d'autres parfums que l'on peut flairer dans ces espaces restreints, je trouve que me satisfait très bien de ce lot.

Sur le banc en face, il y a cette dame, un peu corpulente, mais pas du tout obèse. Par contre, elle prend beaucoup d'espace. Je me demande quotidiennement comment elle fait. La personne à ses côtés (elle est changeante, contrairement aux autres habitants du wagon) a toujours l'air totalement coincée entre la fenêtre et la passagère qui semble avoir plus de bras, de jambes, de sacs, que la moyenne des ours. Mais surtout, cette dame semble complètement inconsciente que l'espace qu'elle prend empiète immanquablement sur celui des autres.

Il y a aussi un jeune homme qui s'assoit par terre, le dos calé contre les portes qui ne s'ouvrent pas. Il sort son ordinateur portable et tapote furieusement sur le clavier pendant tout son trajet. Il me donne l'impression d'être un étudiant en fin de session à tous les jours. Ce n'est probablement pas le cas, mais ça m'amuse bien de me m'imaginer ce genre de chose. Il est tellement concentré, tellement dans sa bulle que je suis continuellement surprise de le voir se lever d'un bond une fois arrivé à sa station, alors qu'il fourgue rapidement son appareil dans le fond de son sac à dos, comme s'il s'agissait d'un vieux vêtement froissé.

Finalement, il y ce jeune auteur prolifique que je reconnais pour l'avoir vu à la télévision une ou deux fois. Lui aussi est dans sa bulle, il lit armé de surligneurs orange et d'un crayon à mine. Il gribouille des notes presque plus longues que les paragraphes qu'il commente dans les marges et surligne toutes sortes de choses. Visiblement, c'est un homme au travail.

Et moi? Et bien officiellement je lis. Mais en réalité j'espionne, comme il se doit.

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