Changement de plan
Ben voilà, le plans ont
changés. De toute manière, c'est pratiquement ce à quoi servent
les plans. Après tout, ils ne sont qu'une ligne directrice pour se
donner une idée de sens à prendre. Même dans un texte, il m'arrive
plus souvent qu'autrement de jeter les idées de où je veux aller
avec une histoire et me retrouver quelque part entre le milieu et la
conclusion en prenant une voie que je n'avais pas prévue à
l'origine, alors le plan s'efface pour laisser place au texte qui
voulait naître.
Je dois déménager. Je
le sais depuis près d'un an. Changer de logis en soi ne me dérange
pas. Je suis lasse de celui où j'habite, parce que je me sens loin
de beaucoup de choses, mais surtout de gens, qui me sont chers. Et
puis, je suis fatiguée des voisins imbéciles qui mènent leur vie
de nuit et ne semblent pas avoir conscience que certaines personnes
ne vivent pas entre 1 et 5 heures du matin. Je suis aussi tannée de
vivre à un endroit où rien n'est fait de manière préventive et
que balcon, bain, plancher n'ont été réparés que lorsqu'on
passait à travers, au sens propre du terme, même pour le bain.
Mais voilà que je dois
partir seule. La dernière fois que cela m'est arrivé j'ai fini le
périple en dépression majeure. Alors dire que j'ai peur ici est un
euphémisme : je suis terrorisée. Je ne suis pas très douée
pour la vie en solitaire. Je mange mal, je dors mal, je passe le plus
clair de mon temps à stresser au sujet de mes clefs, redoutant de
les perdre et de me retrouver à la rue. Et puis, j'ai immobilisme
facile. Alors, je m'éparpille un peu partout et je ne trouve pas le
courage de me ramasser. En colocation je le fais pour ne pas déranger
les autres, mais toute seule, je repousse continuellement les tâches
domestiques et je fini par vivre dans un cocon qui n'est pas du tout
douillet.
Avec ma grand hantise du
dérangement, je fini par me murer dans un une bulle hermétique et
étanche. Une grosse bulle de solitude.
Et puis j'ai peur
financièrement. Je ne peux pas me permettre de payer beaucoup plus
que 550$ de loyer. Que vais-je trouver pour un prix aussi dérisoire
dans un marché comme celui de Montréal? Un garde-robe pas éclairé
sans doute. Je me retrouve prise dans un énorme dilemme, soit je
paie un loyer abordable et je peux continuer à voyager un peu, donc
à vivre, soit je paie un loyer hors de prix pour moi et je retourne
dans la pauvreté que je viens de quitter qui limite considérablement
ma liberté de mouvement.
Mais je n'ai pas le
choix, je ne trouverai pas de colocation à l'âge que j'ai qui me
soit acceptable. Je devrai faire face. Accompagnée de la grosse
chienne jaune de tous les fantômes de mes échecs passés.
Ce n'est pas rassurant.
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