Faire des croquis
Ces temps derniers, il me
semble qu'il y a trop d'idées dans ma tête pour que je puisse y
voir clair. J'ai un paquet de priorités à traiter avec l'impression
qu'il me manque d'attention pour arriver à le faire comme du monde.
Répondre à la question « Où as-tu envie d'aller souper? »
m'a laissée aussi désarçonnée que si l'on m'avais demander de me
rappeler de l'adresse exacte de l'appartement où j'ai passé les
deux premières années de ma vie. C'est tout dire.
Au travail, c'est pareil.
Je m'éparpille et m'épivarde. Rien de très grave, mais je fais
très exactement ce avec quoi je taquine impitoyablement les
libraires depuis des années : je sème des piles au gré de mes
passages et j'ai un mal fou à les retrouver. Et bien entendu, parce
que je suis moi, j'égare mes clés plus souvent qu'à mon tour, dans
des endroits verrouillés, de préférence. Je dois alors,
piteusement, demander à mes collègues d'aller les récupérer pour
moi. Ça les fait rire, mais moi, ça me titille l'orgueil de voir
qu'un peu de stress me fait tomber dans cette ornière.
Je n'ai pas vraiment peur
de déménager; je l'ai fait si souvent dans ma vie. Je me sais
efficace, rapide et prête au moment voulu. N'empêche que... Quand
ça fait neuf ans que tu habites le même appartement, en partir
c'est une histoire bien différente que lorsque du déménageais aux
quatre mois, ou peu s'en faut.
J'ai passé des heures et
des heures sur l'internet à regarder des annonces en me donnant
l'impression de tourner en rond. Je constate que je suis un peu en
avance pour un déménagement en juillet parce que la plupart des
logements que j'ai vus sont libres immédiatement ou dans très peu
de temps.
Et puis je veux faire du
ménage dans mes affaires avant de partir d'ici histoire de ne pas
transporter inutilement des boîtes de livres que je ne relirai plus.
Surtout que je dois repartir à neuf avec mon mobilier parce que
celui que j'utilise, je le traîne depuis que je suis partie de chez
mes parents, il y a plus de vingt ans. L'air de rien, ça ajoute au
stress parce que je ne sais pas avec quoi je meublerai ce que je
visite.
J'ai presque trouver
quelque chose, par ailleurs. Je dis presque parce qu'il me reste à
aller porter une autorisation signée de demande de références au
locateur. Ce n'est pas un énorme coup de cœur, mais c'est dans les
limites de mon budget et très exactement au cœur du quartier que je
visais, ce qui n'est pas rien. Ce n'est pas très grand, ni
particulièrement petit. L'impression que j'en ai eu, après la
visite c'est que je pourrais en faire un cocon.
Depuis, je fais des
croquis. Je n'ai absolument aucun talent dans le domaine, mais
j'essaie d'imaginer comment je pourrais aménager l'espace et j'y
vois presque quelque chose qui ressemblerait à ce que je suis comme
personne.
Et je me suis assurée
que le voisinage était stable et pas trop étudiant. Parce que, bien
franchement, je crois avoir bu, jusqu'à la lie, les expériences de
voisinage post-adolescent festif.
Souhaitez-moi bonne
chance.
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