Demoiselle Coccinelle
Depuis quelques jours, je
trouvais mon cocon pas mal serré. Un peu trop pour mon propre
confort. De toute manière, j'étais curieuse de découvrir ce qu'il
y avait en dehors de mon nid. Je me sentais enfin prête à faire le
grand saut dans le monde. Je trouvais le moment bien choisi parce que
mon grand frère était à la maison et Papa aussi. Tout le monde
bien présent pour m'accueillir, je ne pouvais demander mieux.
J'ai donc signifié mon
envie à Maman. Je crois qu'elle a immédiatement saisi la situation
parce qu'elle me parlait tout plein en passant sa main sur son ventre
distendu. C'est ainsi que tôt le matin du 7 mars, Papa et Maman sont
partis pour la maison des naissances pendant que Papi restait à la
maison avec Zazou. Ils se sont installés dans une jolie chambre
ensoleillée de chaudes couleurs pendant que je préparais
minutieusement ma descente.
Comme je suis une petite
demoiselle pugnace et décidée, une fois le travail entamé, il
n'était pas question qu'on interrompe ma sortie. On a fait ça en
championnes Maman et moi. Elle a beaucoup crié, mais pas de colère,
de douleur sans doute un peu, je n'avais pas beaucoup de place pour
me frayer un chemin, je l'ai donc passablement bousculée et
déchirée au passage, sauf que tous ces cris et toute cette douleur
étaient remplis d'amour. Je me sentais immensément bienvenue et ça
m'aidait à aider Maman dans ses poussées.
Et au bout de quelques
petites heures, ma tête est finalement émergée du corps de Maman
et j'ai été accueillie à l'extérieur par ses douces mains déjà
tellement remplies d'affection pour moi que j'en ai pleuré de joie.
On a passé une belle heure ensemble collées, collées. Puis Maman
nous a quittés, Papa et moi, pour aller à l'hôpital. Elle avait
besoin qu'on s'occupe un peu des traces de mon passage. Mais j'avais
confiance qu'elle reviendrait et, de toute manière, j'étais en
complète sécurité, lovée sur le corps de mon papa, peau contre
peau, cœur contre cœur. Je l'entendais battre régulièrement,
comme j'avais entendu celui de Maman pendant tous les mois que
j'avais passé dans son ventre. C'était vraiment une belle musique.
Maman est revenue juste
assez vite pour je puisse prendre une bonne tétée. On en a profité
pour se faire un gros câlin familial juste à nous trois. Beau
moment bien précieux parce que mes parents, toute ma vie, je vais
les partager avec mon grand frère alors j'avais bien l'intention de
profiter de chaque seconde de cette opportunité.
Alors voilà, je suis une
petite Coccinelle fraîchement arrivée. Je ne connais pas encore
beaucoup de gens, mais j'ai un grand frère immense qui me prend déjà
dans ses bras.
Décidément, je crois
que j'ai très bien choisi ma famille.
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