Une journée en amitié
Je me suis réveillée
par un matin radieux de printemps. Il était beaucoup trop tôt pour
émerger de mon lit par un jour de congé, mais je n'avais plus
sommeil. J'avais donc choisi l'entre-deux de la lecture dans rayon
lumineux bien enfouie sous ma couette. J'avais rendez-vous pour le
brunch, mais je prenais plaisir à rester lovée dans mon écrin
comme pour arracher quelques heures au repos.
Nous allions visiter son
prochain appartement, celui où elle s'installera sous peu. Celui-ci
se situe dans un quartier que je croyais ne pas connaître du tout
puisqu'il est situé à des kilomètres de ceux que j'ai habité,
mais je me suis rapidement rendue à l'évidence que j'y avais été
il y a très, très longtemps, à l'époque où je ne comprenais pas
encore tout à fait ce qu'était un quartier, même si j'en habitais
un.
Bref, mon amie et moi
nous sommes rendues à l'extrême sud-ouest de la ville. Après avoir
visité l'appartement, nous avons entrepris d'arpenter les rues que
nous ne connaissions pas comme si nous étions en voyage dans une
nouvelle ville. La température était idéale, les gens que l'on
croisait souriants, les enfants jouaient à courir quelques mètres
devant leurs parents, comme pour mesurer jusqu'à quels degrés ils
pouvaient étendre leur liberté. C'est ainsi que nous sommes
retrouvées assise dans un petit resto à déjeuners qui n'appartient
à aucune chaîne et dont la décoration festive nous faisait chaud
au cœur.
Nous en étions
ressorties en nous disant que mon amie s'éloignait sans doute aucun
des lieux qu'elle habitait depuis des années, mais qu'elle s'était
trouvé là, un très chouette quartier où vivre cette nouvelle
époque de son existence.
En soirée, j'avais un
souper de prévue avec une femme chère à mon cœur que je n'avais
pas vu depuis près d'un an. En la voyant, mon cœur avait un saut de
joie dans ma poitrine et je m'étais dit que négliger de telles
amies, quelles que soient les raisons que je me donne, c'est vraiment
nono et que c'est moi qui y perds au change au passage.
Cette rencontre avait
lieu au nord de Montréal, près de l'endroit où je voudrais habiter
l'été prochain. Dans un quartier et sur une rue que je connais
comme le fond de ma poche, même si beaucoup de choses ont changées
depuis que j'ai cessé d'y habiter. Il y a un je-ne-sais quoi de
rassurant à me promener dans cet endroit nettement plus paisible que
l'endroit où je vis actuellement. Je sais que c'est psychologique,
mais toutes les distances me semblent courtes, comme si ma
connaissance intime des jalons que je parcoure en rapetissait
l'envergure.
J'avais donc passé la
journée à voyager d'une amie à l'autre, d'un bout de la ville à
son extrémité. L'un dans l'autre, je m'étais lovée dans la
chaleur humaine des discussions sans entraves et sans faux semblants.
C'est une journée de
printemps, une journée en amitié, une journée à répéter le plus
souvent possible.
Libellés : Digressions