18-05-2018
Elle avait parcouru les
quelques mères qui séparaient l'entrée de la caisse sans aucune
vitesse, ce qui ne l'avait pas empêchée de courcicuiter la ligne de
caisse, l'air de rien. Elle s'était planté devant moi pour de me
demander si elle pouvait avoir zoo ou la melbona. Il va sans dirre
que je n'ai rien compris. Ses yeux étaient couverts d'une chape
blanchâtre qui indiquaient qu'elle n'y voyait pas très bien. De
plus, elle avançait avec une canne, toutes des choses que n'importe
qui peut comprendre. Le problème c'est qu'elle s'exprimait en
créole, que je ne parle pas. Et qu'au moment où elle m'avait
abordée, j'étais juchée sur un escabeau en train d'essayer de
changer une batterie défectueuse pour le système d'alarme.
Évidemment, je m'étais
résolue à descendre de mon ciel inconfortable (j'ai toujours le
vertige) pour essayer de comprendre ce que la dame me demandait.
Après beaucoup de questions j'avais fini par comprendre qu'elle
voulait obtenir le dvd de Tne mark of Zorro
(version 1940), que nous n'avions évidemment pas surtout qu'elle
voulait une version créole de la chose. J'étais un peu estomaquée
de sa demande. L'autre titre, c'était, après enquête approfondie,
La mélodie du bonheur,
ça on l'avait. Sauf que, le tire inscrit en grosses lettre sur
l'objet, l'était en anglais. La dame était donc totalement
dubitative du fait qu'il puisse y avoir une version française (ce
qu'elle semblait très bien comprendre à défaut de le parler).
J'ai dû passer au moins vingt minutes à lui expliquer qu'une fois
inséré dans le lecteur, elle pourrait choisir la langue dans
laquelle elle verrait le film. Il est possible qu'elle n'ai jamais vu
un dvd de sa vie, avant cette discussion.
Quelques
instants plus tard, un client nous informait que le piano public,
installé près de notre commerce était monopolisé par un
itinérant qui alignait les canettes de bière vides et les
mignonnettes d'alcool fort sur le dessus du piano. Il semblerait, de
surcroît que l'homme en question haranguait les clients qui
sortaient du magasin afin qu'ils lui offrent une certaine obole.
Sérieusement, je n'étais pas très emballée à l'idée d'aller le
confronter au moment d'avoir à poser la bâche en fin de soirée, si
ça impliquait d’interrompre son concerto (erratique). Je n'ai pas
eu à faire l'intervention, parce que quelqu'un du marché, ou
fréquentant le marché l'a dénoncé, tout ce que je sais c'est
qu'au bout de beaucoup d'heures, il a été accompagné, ailleurs,
par un couple de policiers.
C'était
une journée parmi tant d'autres, une journée simple en service à
la clientèle, mais c'était aussi la journée ou j'atteignais ma
quarante-cinquième année de vie. Je n'en avais pas fais un plat au
travail, je n'avais pas demandé une journée de congé, ce qui fait
que je n'avais personne à blâmer pour par journée pas si simple.
Alors,
à la fin de mon quart de travail, j.avais attrapé un homard, une
barquette de frites et un bon livre pour me réfugier dans mon
espace.
J'en
ai savouré chaque bouchée, comme si c'était ma dernière, et je me
suis couchée sur le simple bonheur d'exister.
Libellés : Digressions