Traits de sexisme ordinaire
Lorsque j'ai ouvert la
boite, j'ai presque eu mal aux yeux tant le rose était intense à
l'intérieur. C'était un paquet provenant d'une compagnie de jouets
bien connue et nous venions de recevoir une nouvelle ligne dédiée à
un public féminin. Personnellement, je n'aime pas. Ça m'horripile
ces jouets genrés. Surtout que ces collections n'existaient pas dans
ma propre enfance, ce qui ne m'a pas empêchée de m'amuser follement
avec leurs produits : je n'avais absolument pas besoin que ce
soit rose pour m'y intéresser.
J'ai été très contente
de voir que la réaction des employés était semblable à la mienne.
La plupart d'entre eux y sont allés de surcroît de petites et
grandes impatiences au sujet de tous les livres, particulièrement
les livres-jeux, pour garçons ou pour filles (dans les titres) comme
si labyrinthe ou un cherche et trouve devait absolument être destiné
à l'un ou l'autre des deux sexe et non à l'ensemble des enfants qui
posent leurs mains dessus.
D'idées en digressions,
on s'est mis à se dire que c'était le reflet d'une situation
problématique. Depuis quelques années, on entend beaucoup dire que
les garçons lisent de moins en moins, qu'ils perdent rapidement de
l'intérêt pour cette activité. Je constate, presque
quotidiennement que l'offre de lecture est très abondante pour les
filles et beaucoup moins pour les garçons. Il y a beaucoup de
littérature fantastique dans laquelle les personnages principaux
sont des garçons, mais peu de romans du quotidien du même acabit.
Mais je trouve que cela
reflète autre chose. Personnellement, quand j'ai commencé à lire,
je suis tombée dans des tonnes de mondes dont je ne voulais plus me
sortir. Je n'ai jamais eu de difficulté à m'identifier aux
différents personnages principaux qu'ils soient garçons ou filles.
Jamais il ne me serait passé par l'idée que je ne pouvais pas lire
les aventures de Bob Morane. Oui, le personnage était masculin, mais
ça ne m'empêchait pas d'y prendre plaisir et de m'y reconnaître.
Est-ce là un minuscule
trait du sexisme ordinaire? Que les filles peuvent lire des histoires
dans lesquelles les personnages principaux sont des gars et s'en
faire des modèles tandis que les garçons ne peuvent pas faire
l'inverse? Je me demande ce que ça nous dit de la société
soit-disant égalitaire dans laquelle on vit si les garçons ne
peuvent pas, socialement du moins, prendre un personnage fictif
féminin en exemple simplement parce que celle-ci est sympathique.
Je ne sais pas trop où
l'on s'en va avec cela, mais j'essaie tranquillement, quand je
rencontre un lecteur assidu qui est en panne de lecture et très
curieux de l'orienter quelquefois vers des auteurs traditionnellement
féminin, comme Lucy-Maud Montgomery. Je m'y suis essayé la semaine
dernière et je me suis laissée dire par le jeune lecteur que
j'avais tenté qu'il avait beaucoup aimé Anne. Parce qu'elle est
drôle, pas parfaite et passablement humaine. Lui a pris cela comme
un bon cours d'histoire canadienne en condensé.
J'ai pensé que c'était
un petit pas de franchi.
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