jeudi, mai 10, 2018

Traits de sexisme ordinaire

Lorsque j'ai ouvert la boite, j'ai presque eu mal aux yeux tant le rose était intense à l'intérieur. C'était un paquet provenant d'une compagnie de jouets bien connue et nous venions de recevoir une nouvelle ligne dédiée à un public féminin. Personnellement, je n'aime pas. Ça m'horripile ces jouets genrés. Surtout que ces collections n'existaient pas dans ma propre enfance, ce qui ne m'a pas empêchée de m'amuser follement avec leurs produits : je n'avais absolument pas besoin que ce soit rose pour m'y intéresser.

J'ai été très contente de voir que la réaction des employés était semblable à la mienne. La plupart d'entre eux y sont allés de surcroît de petites et grandes impatiences au sujet de tous les livres, particulièrement les livres-jeux, pour garçons ou pour filles (dans les titres) comme si labyrinthe ou un cherche et trouve devait absolument être destiné à l'un ou l'autre des deux sexe et non à l'ensemble des enfants qui posent leurs mains dessus.

D'idées en digressions, on s'est mis à se dire que c'était le reflet d'une situation problématique. Depuis quelques années, on entend beaucoup dire que les garçons lisent de moins en moins, qu'ils perdent rapidement de l'intérêt pour cette activité. Je constate, presque quotidiennement que l'offre de lecture est très abondante pour les filles et beaucoup moins pour les garçons. Il y a beaucoup de littérature fantastique dans laquelle les personnages principaux sont des garçons, mais peu de romans du quotidien du même acabit.

Mais je trouve que cela reflète autre chose. Personnellement, quand j'ai commencé à lire, je suis tombée dans des tonnes de mondes dont je ne voulais plus me sortir. Je n'ai jamais eu de difficulté à m'identifier aux différents personnages principaux qu'ils soient garçons ou filles. Jamais il ne me serait passé par l'idée que je ne pouvais pas lire les aventures de Bob Morane. Oui, le personnage était masculin, mais ça ne m'empêchait pas d'y prendre plaisir et de m'y reconnaître.

Est-ce là un minuscule trait du sexisme ordinaire? Que les filles peuvent lire des histoires dans lesquelles les personnages principaux sont des gars et s'en faire des modèles tandis que les garçons ne peuvent pas faire l'inverse? Je me demande ce que ça nous dit de la société soit-disant égalitaire dans laquelle on vit si les garçons ne peuvent pas, socialement du moins, prendre un personnage fictif féminin en exemple simplement parce que celle-ci est sympathique.

Je ne sais pas trop où l'on s'en va avec cela, mais j'essaie tranquillement, quand je rencontre un lecteur assidu qui est en panne de lecture et très curieux de l'orienter quelquefois vers des auteurs traditionnellement féminin, comme Lucy-Maud Montgomery. Je m'y suis essayé la semaine dernière et je me suis laissée dire par le jeune lecteur que j'avais tenté qu'il avait beaucoup aimé Anne. Parce qu'elle est drôle, pas parfaite et passablement humaine. Lui a pris cela comme un bon cours d'histoire canadienne en condensé.

J'ai pensé que c'était un petit pas de franchi.

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