jeudi, mai 31, 2018

Dilapider ma fortune

Alors, c'est par une magnifique matinée ensoleillée que j'ai dépensé plus d'argent en une seule fois que je ne l'ai fait de toute ma vie. Une expédition chez IKEA qui m'aura délestée de la plus grande partie de mes économies. Ce sont des choses qui arrivent à une fille qui part vivre en appartement toute seule et qui a décidé que cette fois, elle entrerait chez-elle et non plus dans un ramassis de toutes sortes d'affaires disparates pigées un peu partout, surtout sur le coin des rues.

J'avais déjà fait la visite du magasin cité plus haut avec une amie, quelques semaines plus tôt. Ce qui m'avait permis de faire deux choses importantes : premièrement établir mes besoins réels, deuxièmement établir un budget. À la seconde visite, j'étais accompagnée de ma mère. Nous étions comme deux gamines entre les rangées, occupées à remplir nos paniers un peu n'importe comment jusqu'à ce que les empilades deviennent des tours à écrouler et que je mette mes compétences à l’œuvre pour remplir les paniers de manière ordonnée afin de nous permettre de les remplir encore davantage.

J'avais prévu passer à peu près heure trente pour ce genre d'activité. Mais quand on a tout à acheter, toutes les pièces à meubler, même si elles ne sont que trois, il peut arriver que ce soit beaucoup plus long. Deux fois plus long en réalité. L'air de rien, il faut essayer les divans avant d'opter pour celui qu'on va adopter. Et que dire du matelas... Je me suis donc laissée choir sur beaucoup de matrices avant de finalement en choisir une qui conviendrait à ma nouvelle vie. Il faut dire que je dors sur un futon depuis plus de vingt ans. Alors, il me semblait que tous les matelas à ressorts étaient passablement mous. Sauf que je ne veux plus de futon justement parce que l'absence de moelleux fait en sorte que je me réveille de plus en plus souvent engourdie dans le bas du dos. Je vieilli, que je le veuille ou non.

Meubler mon nid. Ce n'est pas la même chose que de prendre un appartement dans lequel je mettrai des morceaux raboutés que je n'ai pas choisi. Meubler mon nid, ça signifie imprimer une partie de ma personnalité dans tous les choix que je fais. Et de plus en en plus, il me tarde d'y être enfin. En partie parce que j'en ai plus qu'assez de mon voisinage actuel et en partie parce que j'ai bien envie de déballer mon nouvel environnement pour découvrir quelle femme je suis devenue depuis que j'ai quitté le logis parental. Je crois que je vais au moins un peu me surprendre. En tout cas, je l'espère.

Mais surtout, il me tarde d'avoir atterri en un seul morceau afin de pouvoir inviter toutes les personnes que j'aime à venir me visiter dans cette nouvelle version de moi, celle que je me se serai créée. Et j'ai la chance d'avoir une maman extraordinaire qui non seulement m'aura accordé une matinée de sa vie pour me voir dilapider ma minuscule fortune (je dois souligner qu'elle m'a dit plusieurs fois avoir beaucoup de plaisir durant cette sortie), mais qui en plus a accepté d'être celle qui attendra les meubles et les monteurs de meubles deux matinées durant dans le but de me permettre d'arriver en douceur.

Je suis en train de tourner une page de ma vie et j'ai la chance d'avoir l'occasion de m'en apercevoir.

Et je sais que c'est précieux.

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