Mission de sauvetage
J'étais installée
devant mon ordinateur à triturer un texte qui n'aboutissait à rien.
L'idée était bonne, mais il me manquait un petit quelque chose pour
pouvoir dire que c'était un texte, en tout cas un texte publiable.
Comme souvent, j'écoutais sans écouter la radio, une émission que
j'avais entendue le matin et par conséquent qui ne m'intéressait
que vaguement. N'arrivant à rien avec ma prose, j'avais décidé de
fermer la radio histoire de mieux canaliser ma concentration.
J'ai aussitôt été
happée par un autre bruit de fond beaucoup plus dérangeant.
Depuis quelques semaines,
j'ai un nouveau voisin. Il s'est mêler au voisinage existant comme
s'il faisait partie du tout de départ, autant dans sa manière
d'être que dans ses goûts en décoration, en musique et tutti
quanti. Et il a eu l'heureuse idée de mettre un haut-parleur sur son
balcon dont le son donne directement sur la fenêtre de ma chambre,
c'est dirigé sur elle et il y a genre un mètre qui les sépare.
Alors j'entends sa radio commerciale quasi 24/7.
Oh, ce n'est pas très
fort, le problème, ce sont évidemment les publicités tonitruantes
qui changent le volume régulièrement et m'éveillent constamment.
Et ce, même si le voisin en question est enfermé à l'intérieur.
Comme s'il avait pris sur lui d'animer quiconque aurait la chance de
passer sous ses fenêtres. En réalité, il est très rarement
dehors, ce qui fait que la seule personne qui bénéficie de sa
largesse d'esprit, c'est moi. Et disons que je m'en passerais
volontiers. Je me couche donc la fenêtre fermée, des bouchons dans
les oreilles, que j'ôte autour de 3 heures du matin quand je me rend
compte que la radio est enfin éteinte.
Depuis un certain temps,
je tergiverse avec l'idée d'appeler la police, parce que c'est une
forme de pollution pour moi. Ce qui me retenait, c'est que je n'avais
pas adressé mes doléances à la personne concernée.
J'ai résolu ce point ce
soir en rentrant du travail. Ça ne me tentait pas d'aller le
trouver, surtout qu'un homme lui parlait à partir du trottoir et
juste à passer derrière lui, j'avais senti tout l'alcool dont il
était imbibé. Je suis presque rentrée dans la maison sans rien
dire, puis j'ai tourné les talons et je suis allée le voir pour lui
expliquer que sa radio me dérangeait. Il m'a répondu que ce n'était
même pas fort. J'ai dit que c'était vrai mais que ma fenêtre était
presque sous son haut parleur. Il m'a regardée comme si je
débarquait de la planète mars en disant : « tu tiens ta
fenêtre ouverte? » J'ai répondu que sans climatisation, ça
s'imposait. Il a opiné. Il m'a dit qu'il accepterait de couper sa
musique à 23 heures la semaine seulement.
J'ai rétorqué que s'il
était dehors, après cette heure, je pouvais comprendre qu'il laisse
la musique, mais que je ne voyais pas pourquoi il la laisserait jouer
quand il est à l'intérieur. Il a considéré ma demande et m'a dit
oui, à reculons.
Pendant ce temps l'autre
homme tentait de m'expliquer où il habitait et de me dire que lui ne
faisait pas de bruit. Sérieusement, je n'en avais rien à faire :
je n'étais pas en mission sociale mais en mission de sauvetage de ma
santé mentale.
J'espère vraiment
pouvoir dormir sur mes deux oreilles la nuit prochaine. Disons que
j'en ai grandement besoin...
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