jeudi, mai 24, 2018

Mission de sauvetage

J'étais installée devant mon ordinateur à triturer un texte qui n'aboutissait à rien. L'idée était bonne, mais il me manquait un petit quelque chose pour pouvoir dire que c'était un texte, en tout cas un texte publiable. Comme souvent, j'écoutais sans écouter la radio, une émission que j'avais entendue le matin et par conséquent qui ne m'intéressait que vaguement. N'arrivant à rien avec ma prose, j'avais décidé de fermer la radio histoire de mieux canaliser ma concentration.

J'ai aussitôt été happée par un autre bruit de fond beaucoup plus dérangeant.

Depuis quelques semaines, j'ai un nouveau voisin. Il s'est mêler au voisinage existant comme s'il faisait partie du tout de départ, autant dans sa manière d'être que dans ses goûts en décoration, en musique et tutti quanti. Et il a eu l'heureuse idée de mettre un haut-parleur sur son balcon dont le son donne directement sur la fenêtre de ma chambre, c'est dirigé sur elle et il y a genre un mètre qui les sépare. Alors j'entends sa radio commerciale quasi 24/7.

Oh, ce n'est pas très fort, le problème, ce sont évidemment les publicités tonitruantes qui changent le volume régulièrement et m'éveillent constamment. Et ce, même si le voisin en question est enfermé à l'intérieur. Comme s'il avait pris sur lui d'animer quiconque aurait la chance de passer sous ses fenêtres. En réalité, il est très rarement dehors, ce qui fait que la seule personne qui bénéficie de sa largesse d'esprit, c'est moi. Et disons que je m'en passerais volontiers. Je me couche donc la fenêtre fermée, des bouchons dans les oreilles, que j'ôte autour de 3 heures du matin quand je me rend compte que la radio est enfin éteinte.

Depuis un certain temps, je tergiverse avec l'idée d'appeler la police, parce que c'est une forme de pollution pour moi. Ce qui me retenait, c'est que je n'avais pas adressé mes doléances à la personne concernée.

J'ai résolu ce point ce soir en rentrant du travail. Ça ne me tentait pas d'aller le trouver, surtout qu'un homme lui parlait à partir du trottoir et juste à passer derrière lui, j'avais senti tout l'alcool dont il était imbibé. Je suis presque rentrée dans la maison sans rien dire, puis j'ai tourné les talons et je suis allée le voir pour lui expliquer que sa radio me dérangeait. Il m'a répondu que ce n'était même pas fort. J'ai dit que c'était vrai mais que ma fenêtre était presque sous son haut parleur. Il m'a regardée comme si je débarquait de la planète mars en disant : « tu tiens ta fenêtre ouverte? » J'ai répondu que sans climatisation, ça s'imposait. Il a opiné. Il m'a dit qu'il accepterait de couper sa musique à 23 heures la semaine seulement.

J'ai rétorqué que s'il était dehors, après cette heure, je pouvais comprendre qu'il laisse la musique, mais que je ne voyais pas pourquoi il la laisserait jouer quand il est à l'intérieur. Il a considéré ma demande et m'a dit oui, à reculons.

Pendant ce temps l'autre homme tentait de m'expliquer où il habitait et de me dire que lui ne faisait pas de bruit. Sérieusement, je n'en avais rien à faire : je n'étais pas en mission sociale mais en mission de sauvetage de ma santé mentale.

J'espère vraiment pouvoir dormir sur mes deux oreilles la nuit prochaine. Disons que j'en ai grandement besoin...

Libellés :