dimanche, juin 17, 2018

Les voyageuses de livres

L'activité avait pourtant bien mal commencé. Par un malentendu majeur, pour dire le moins. J'avais demandé de l'aide pour rapporter des boîtes à la maison afin de pouvoir, un moment donné dans un avenir rapproché, commencer à faire mes boîtes. Mais comme c'est souvent le cas dans un appel à l'aide dans un réseau, j'ai un peu tourné les coins ronds dans ma demande et la Sauterelle qui y a répondu avait compris que je voulais de l'aide pour faire mes boîtes.

Nous avons découvert hier, pendant que je m'apprêtais à ficeler toutes les dites boîtes (150) avant de quitter le travail, qu'on s'était mal comprises. Alors rebelote le taxi. Il me semble que je n'en ai jamais pris autant dans un laps de temps aussi rapproché. M'enfin, comme la température était radieuse à Montréal hier, j'ai pu avoir une grande voiture sans attente supplémentaire et j'ai pu rapatrier ici toutes les précieuses boîtes que j'avais soigneusement sélectionnées au cours du dernier mois.

Comme la Sauterelle avait libéré sa journée du dimanche pour moi, je l'ai convié à un brunch matinal et elle m'a relancée en me proposant d'aller porter les livres dont je voulais me départir avec moi. J'ai aimé l'idée tout en lui soulignant que sans voiture, ce serait bien lourd. Elle m'a alors soumis l'idée d'utiliser nos valises pour rouler les livres vers une autre destination que mon futur logis. J'ai pensé que la suggestion était bonne et c'est ainsi que nous nous sommes retrouvées attablées sur une terrasse pour un déjeuner plus que copieux en fin de matinée.

Après ce joli moment de détente, nous sommes revenues chez moi prendre empaqueter les livres que j'avais préalablement triés. Je n'étais que passée à travers les livres grands formats. Je ne sais pas trop par quel miracle nous avons réussi à tout caser dans nos valises, mais toujours est-il que, beauté du hasard, un autobus montait vers Mont-Royal dans les minutes qui suivaient. J'ai rapidement trouvé preneur, même si je ne pouvais pas en obtenir une somme sonnante et trébuchante. Honnêtement, cela m'importait peu. Pour moi, l'essentiel était de faire en sorte qu'ils trouvent un prochain lecteur. Et je dois avouer que nous avons été soulagées de nous délestées du poids qui encombrait nos valises aussi rapidement que possible, parce que franchement, elles n'avaient jamais été aussi difficiles à manier, malgré leurs roulettes.

Ensuite, notre plan était de commencer les boîtes. Mais nous avons fait la découverte que le ruban gommé deux pouces était aux abonnés absents dans mon quartier. Après cette déconvenue, nous avons mon amie m'a offert son restant de ruban, sauf que celui-ci se trouvait à Verdun. On s'est alors dit que tant qu'à y voyager, on pourrait faire un autre voyage de livres avec les formats poches, cette fois-là. On a eu beaucoup de plaisir à faire le tri, parce que je me suis surtout départie d'une multitude de romans rouges (je dirais une centaine, sans exagérer beaucoup) ce qui nous a permis de beaucoup nous amuser des titres et des pages couverture desdites œuvres.

On a fini la journée sur sa galerie, épuisées, à boire tranquillement du Bonheur. Ça été une magnifique journée qui me donnait un peu l'impression de me substituer à La petite marchande de prose de Pennac. Malgré le fait que moi, je n'édite pas, j'ai tout de même voyager des livres, jusqu'au prochain lecteur, que je ne connais pas.

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