jeudi, juin 07, 2018

Le roi de la montagne

Il y a environ deux semaines, j'écrivais sur ce nouveau voisin qui avait installé des hauts-parleurs à l'extérieur de son domicile, afin de faire partager ses goûts musicaux au voisinage, dans un large élan de générosité (!?). Dans ma très grande innocence, je m'imaginais être la seule à en vivre les désagréments étant donné que sa musique ne joue pas si fort. À preuve, mon colocataire dont la fenêtre est de l'autre côté de la porte d'entrée, ne l'entendant absolument pas.

J'ai récemment été détrompée parce que ledit voisin a été harangué vertement par ma voisine du dessus

Au moment des événements, mon colocataire et moi étions en train de terminer la vaisselle dans la cuisine lorsque notre activité vespérale a été perturbée par des hauts cris provenant de l'avant de l'édifice. Mus par une espèce de curiosité malsaine, lui et moi nous sommes installés sur le bord de mon lit pour écouter, discrètement la joute.

La jeune fille était furieuse, pour une raison que nous ignorons toujours. En substance, cependant, elle disait au voisin qu'il était un personnage désagréable qui s'était déjà chicané avec tout le monde en un très court laps de temps et qu'il était certainement temps pour lui de finir par se mettre dans la tête que ses habitudes ne convenaient pas à l'environnement immédiat. Elle affirmait rester dans le secteur depuis sa naissance et avoir de bonne relation avec l'ensemble du voisinage et que beaucoup de gens lui avaient partager leur irritation généralisée.

Dans ma chambre, coloc et moi retenions nos fou-rires en nous étonnant de la proximité de la voisine avec le reste de la faune. L'homme lui répondait qu'elle ne se mêlait pas de ses affaires et qu'il avait bien le droit de vivre sa vie comme il l'entendait. Elle lui avait rétorqué que c'était vrai tant que le reste de l'univers n'en était pas dérangé. C'est à ce moment que j'avais compris que son système de son était étendu à la cours arrière, là où donnent la plupart des fenêtres des chambres des locataires de notre rue et de celle d'en arrière. Il n'y a pas de ruelle derrière chez-moi, ce faisant la proximité des résidences forme une espèce de caisse de résonance faisant en sorte que beaucoup de gens bénéficiaient, contre leur gré, des goûts musicaux du nouveau voisin.

Bref, la jeune femme l'a entretenu de respect, d'art de vivre et tutti quanti, à ma grande hilarité parce qu'elle n'est pas la personne la moins bruyante à ma connaissance, loin s'en faut. Elle a finit par quitter la scène en montant bruyamment ses marches, toujours furieuse, tandis que pour se venger, le voisin mettait sa musique à plein volume comme pour prouver son point. Sauf que la police est débarquée dans les minutes qui ont suivi et que tout le tintamarre s'est brusquement arrêté.

Depuis, il ne met la musique à l'extérieur que lorsqu'il y est, et pas très longtemps. Je soupçonne fortement le reste du voisinage de le gracier de regards noirs à toutes les fois où il s'y essaie.

Je n'ai jamais vraiment eu l'impression de faire partie de le même espèce que la plupart des gens qui habite autour d'ici, tandis que cet homme bruyant semble partager beaucoup de codes avec cette faune. Visiblement, il vient d'apprendre à ses dépends que s'intégrer au voisinage ne veut pas nécessairement dire de s'imposer en roi de la montagne...

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