Le roi de la montagne
Il y a environ deux
semaines, j'écrivais sur ce nouveau voisin qui avait installé des
hauts-parleurs à l'extérieur de son domicile, afin de faire partager ses goûts musicaux au voisinage, dans un large élan
de générosité (!?). Dans ma très grande innocence, je m'imaginais être la
seule à en vivre les désagréments étant donné que sa musique ne
joue pas si fort. À preuve, mon colocataire dont la fenêtre est de
l'autre côté de la porte d'entrée, ne l'entendant absolument pas.
J'ai récemment été
détrompée parce que ledit voisin a été harangué vertement par ma
voisine du dessus
Au moment des événements,
mon colocataire et moi étions en train de terminer la vaisselle dans
la cuisine lorsque notre activité vespérale a été perturbée par
des hauts cris provenant de l'avant de l'édifice. Mus par une espèce
de curiosité malsaine, lui et moi nous sommes installés sur le bord
de mon lit pour écouter, discrètement la joute.
La jeune fille était
furieuse, pour une raison que nous ignorons toujours. En substance,
cependant, elle disait au voisin qu'il était un personnage
désagréable qui s'était déjà chicané avec tout le monde en un
très court laps de temps et qu'il était certainement temps pour lui
de finir par se mettre dans la tête que ses habitudes ne convenaient
pas à l'environnement immédiat. Elle affirmait rester dans le
secteur depuis sa naissance et avoir de bonne relation avec
l'ensemble du voisinage et que beaucoup de gens lui avaient partager
leur irritation généralisée.
Dans ma chambre, coloc et
moi retenions nos fou-rires en nous étonnant de la proximité de la
voisine avec le reste de la faune. L'homme lui répondait qu'elle ne
se mêlait pas de ses affaires et qu'il avait bien le droit de vivre
sa vie comme il l'entendait. Elle lui avait rétorqué que c'était
vrai tant que le reste de l'univers n'en était pas dérangé. C'est
à ce moment que j'avais compris que son système de son était
étendu à la cours arrière, là où donnent la plupart des fenêtres
des chambres des locataires de notre rue et de celle d'en arrière.
Il n'y a pas de ruelle derrière chez-moi, ce faisant la proximité
des résidences forme une espèce de caisse de résonance faisant en
sorte que beaucoup de gens bénéficiaient, contre leur gré, des
goûts musicaux du nouveau voisin.
Bref, la jeune femme l'a
entretenu de respect, d'art de vivre et tutti quanti, à ma grande
hilarité parce qu'elle n'est pas la personne la moins bruyante à ma
connaissance, loin s'en faut. Elle a finit par quitter la scène en
montant bruyamment ses marches, toujours furieuse, tandis que pour se
venger, le voisin mettait sa musique à plein volume comme pour prouver son
point. Sauf que la police est débarquée dans les minutes qui ont
suivi et que tout le tintamarre s'est brusquement arrêté.
Depuis, il ne met la
musique à l'extérieur que lorsqu'il y est, et pas très longtemps.
Je soupçonne fortement le reste du voisinage de le gracier de
regards noirs à toutes les fois où il s'y essaie.
Je n'ai jamais vraiment
eu l'impression de faire partie de le même espèce que la plupart
des gens qui habite autour d'ici, tandis que cet homme bruyant semble
partager beaucoup de codes avec cette faune. Visiblement, il vient
d'apprendre à ses dépends que s'intégrer au voisinage ne veut pas
nécessairement dire de s'imposer en roi de la montagne...
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