Mission accomplie
Avoir vécu à Sherbrooke
durant toutes ces années comporte ses avantages, à part le fait que
j'y ai rencontré des gens formidables. J'y suis devenue experte ès
déménagement parce que disons que j'ai souvent eu la bougeotte lors
de mon séjour dans cette ville. C'était en partie de ma faute, en
partie un effet collatéral d'une vie estudiantine rythmée au pas
d'un système coopératif qui faisait en sorte que les logements se
remplissaient et se vidaient aux quatre mois.
Donc, quand vient le
temps de m'emboîter, je suis plutôt efficace. La plupart du temps.
J'ai pogné un nœud aujourd'hui, contre : je me suis heurtée
aux pots de plastiques d'une armoire tellement bien remplie de pièces
éparses que ça m'a pris une heure et demie en faire le tri. Sans
exagération. Ce n'était pas du tout prévu dans mon plan de match,
ni le fait qu'ancien colocataire partirait avec mon feutre noir
(qu'il croyait sans doute être sien) ce qui fait que je me suis
retrouvée avec rien pour identifier mes bien. Trouver un endroit
ouvert où ce genre de chose se vend un 24 juin au Québec est,
mettons, plutôt impossible. J'ai fini par en obtenir un du dépanneur
du coin, parce que les proprios sympathiques ont décidé de me faire
une fleur.
Bref, après ces deux
incidents j'ai fini par commencer à faire quelque chose sur le sens
du monde. J'ai rempli une quarantaine de boîtes de livres cd et dvd
au total et quelques sacs de vidanges de textile. Je me suis aussi
échinée à essayer de nettoyer une bibliothèque que je me dois de
déclarer perte presque totale. Oh, elle tient toujours, mais j'ai
fumé à ses côtés durant les 20 dernières années alors, elle est
dans un état, pour dire le moins, lamentable.
J'ai aussi dû m'arrêter
quand les nouveaux locataires ont commencé à prendre place dans
l'appartement parce que les gros morceaux qui étaient ailleurs que
dans ma chambre ne pouvaient pas tout à fait se bouger tout seuls.
Autre preuve que j'ai manqué ma coche en cette journée personnel du
festival des boîtes empilées. Évidemment, je me sentais cheap
d'être encore là quand ils sont arrivés, pourtant je sais que je
ne devrais pas parce que j'ai payé le loyer jusqu'au 30 et qu'il me
reste encore 6 jours avant l'échéance tandis qu'eux n'y ont pas mis
un sou. Mais ceci est un autre débat.
Finalement, j'ai terminé
mon labeur 8 heures après l'avoir débuté. J'étais épuisée et
courbaturée. Je me suis aperçue que le soleil était pratiquement
couché et que je n'avais rien mangé depuis 9h30 ce matin. J'ai
aussitôt attrapé un tournis tout en ne me sentant pas le courage de
faire un détour par un fast food et en ayant aucune espèce d'envie
de manger gras.
Néanmoins, je peux dire
« mission accomplie ». Mes déménageurs n'auront pas de
mauvaises surprises samedi, ni dans la lourdeur des boîtes ni dans
leur dimension.
Si vous saviez à quel
point j'ai hâte d'être enfin arrivée à destination...
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