Après la canicule
C'est bien connu, j'aime
la chaleur. Enfin, j'aime l'été, parce que j'aime me baigner.
Durant plusieurs années, j'ai largement fréquenté les piscines
publiques de la métropole histoire de ne pas bouillir dans mon
propre sang par les journées de canicule. Mais depuis trois ans, je
profite largement du Club, petit havre de campagne en pleine cité,
ce qui me permet de prendre mon souffle, même si j'y suis
particulièrement attaquée par les moustiques de tout acabit. Entre
quelques morsures et de trop longues journées à avoir tellement
chaud que même respirer est ardu, je choisi les morsures.
Si je suis très heureuse
d'avoir déménagé cette année, un élément de l'ancien
appartement me manque : il y faisait généralement frais. En
réalité, la température ne devenait insupportable qu'au bout de
cinq jours consécutifs de canicule, pas avant. C'est vraiment le
seul désavantage de mon nouveau nid : il y fait chaud depuis
que j'ai emménagé. Dommage collatéral de la vie en immeuble, les
courants d'air sont quasi inexistants. Ce qui explique sans doute
pourquoi je vis pratiquement sur les quelques centimètres de mon
balcon. C'est bien la seule « pièce » de mon logis dans
laquelle je peux espérer vivre un courant d'air.
Et, soyons honnête, cet
été, nous sommes gâtés en termes de chaleurs accablantes. À un
point tel que la plupart des habitants de l'immeuble se sont munis de
systèmes de climatisation. Par conséquent, ils sont très peu
présents dans mon entourage, ce qui me laisse le loisir de profiter
bien agréablement de pratiquement tout l'espace extérieur. Les
seuls bruits que je perçois, sont ceux des climatiseurs. Et c'est un
genre de ronron qui peut presque passer pour du silence une fois
qu'on s'y est habitué.
Cependant, il est tout de
même arrivé, depuis le début de l'été, que Dame Nature fasse une
petite trêve dans les degrés et l'humidité ambiante. Pas
longtemps, mais juste assez pour que mes oreilles toujours curieuses
prennent connaissance des personnes qui habitent autour de chez-moi.
Pas tant que j'aie cherché à espionner, mais une fois les fenêtres
ouvertes, si je suis toujours, ou presque, toute seule sur mon
balcon, forcément, je capte des bribes de vie. C'est ainsi que j'ai
compris que la jeune voisine (je la crois au début de
l'adolescence)¨avec qui je partage le balcon ne vit pas avec sa
maman, mais bien avec une tante. Le cri du cœur qui l'a emportée
lorsqu'elle a réussit à obtenir une communication internet avec son
pays d'origine en faisant foi. « Maman » est un mot qui
se ressemble dans beaucoup de langue, c'est aussi une chose que j'ai
pu mesurer.
J'ai aussi été témoin,
sans le vouloir, d'un moment d'intimités des corps qui
s'entrechoquent, doucement et tendrement. J'aurais préféré ne pas
en avoir conscience, par pudeur, mais en même temps, c'est aussi ça
la vie. Et avec de jeunes enfants, dans un logis de la même
dimension que le mien, je présume que la chambre à coucher n'est
pas nécessairement l'endroit le plus approprié pour les parents de
se rapprocher. Avoir des oreilles voyeuses comporte sont lot
d'indiscrétions.
Mais surtout, j'ai pu
mesurer la diversité des personnages qui m'entourent en humant les
parfums des cuisines qui se sont échappées des fenêtres. Des
odeurs que je ne reconnais pas mais qui mettent l'eau à la bouche à
condition que ces appels olfactifs n'aient pas lieux tous en même
temps.
Seulement, cette année,
mon exploration reste bien sommaire, parce que de canicule en
canicule, je n'ai eu que très peu d'occasion d'espionnage.
Il me tarde d'en avoir un
peu plus, histoire de bien savoir dans quel environnement je me suis
installée.
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