dimanche, août 05, 2018

Nageurs dans le sang

Je n'ai que très peu de souvenirs de mon grand-père maternel. Il est mort jeune et moi je n'avais que cinq ans à son départ, forcément, ce n'est pas la personne de ma famille dont je me rappelle le plus. J'ai une mémoire tenace cependant, de lui debout dans sa piscine qui m'attend pendant que je me lance à l'eau sans flotteur. Je ne sais pas quel âge j'avais à ce moment-là, plus de deux ans, moins de cinq. Et je savais nager, toute seule.

D'aussi loin que je me souvienne, j'ai su nager. Je n'ai, par conséquent, jamais eu peur de l'eau. Très fière de mes aptitudes à me débrouiller dans cet espace liquide, j'ai toujours mis de l'avant le fait que j'avais appris à nager presque avant de savoir marcher. Pour moi, l'eau a toujours été un espace de jeu à nul autre pareil. C'était mon élément. Et ce l'est resté. C'est une des raisons pour lesquelles je prends des vacances dans des tous inclus. Ça me permet de jouer dans l'eau une bonne partie de la journée puis de somnoler à l'ombre en lisant un bon livre. Je peux difficilement trouver mieux, selon mes affinités toutes personnelles.

La semaine dernière, j'étais au Club, avec ma mère. Nous étions allées chercher Zazou à la garderie et il s'amusait avec ses amis depuis son retour. Nous attentions ses parents qui attendaient patiemment le réveil de Coccinelle avant de venir nous rejoindre. Il faisait chaud et Zazou voulait se baigner. Ma mère s'était donc mise à l'eau pour l'accompagner et il lui lançait des torpilles pour qu'elle les plonge pour lui. Frétillant d'impatience, je l'ai vu attendre que ma mère ait la tête sous l'eau pour sauter à son tour, sans flotteur et se diriger comme un as vers le fond de l'eau, là où la fusée et la grand-maman étaient rendues.

J'ai crié : « heille ». Mais avant que j'ai eu le temps de me dépêtrer de la table à pique-nique où j'étais assise, et que je m'approche de l'eau, une grand jeune-femme avait sauté devant moi et attrapé le garçonnet par les aisselles afin de le poser sur le bord de la piscine. Lui, ne comprenait pas ce qui venait de se passer. Parce qu'évidemment, il pouvait nager vers sa grand-mère, il en est capable. Dans sa petite tête, il n'a rien fait de mal. Le problème, c'est qu'il ne sait pas qu'un moment donné il va avoir besoin d'air et qu'il a encore besoin d'un adulte pour se sortir la tête de l'eau.

Ses parents, qui arrivaient au moment de l'incident, sont devenus blancs comme des draps. Ma sœur a attrapé son fils et l'a obligé à faire un retrait pour lui expliquer que ce qu'il venait de faire était dangereux. Honnêtement, je ne pense pas qu'il l'ai compris. Moi, à son âge, je ne le comprenais pas. Par ailleurs, j'étais capable de nager la tête sous l'eau et la tête en dehors de l'eau. Zazou lui a encore quelques difficultés à avancer avec la tête hors de l'eau. Et je le soupçonne d'être moyennement intéressé par ce type de natation.

Je ne sais pas encore combien de sueurs froides il donnera à ses parents parce qu'il n'a pas peur, parce qu'il a confiance en ses capacités de nageur. Tout ce que je sais c'est que j'ai sans doute été une source de tourments pour mes parents, à force de candeur et d'absolue confiance en mon sang de nageuse. Parce que franchement, dans l'eau, je me sentais capable de tout.

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