jeudi, août 02, 2018

Chaleur maghébine

J'avais connu cette demoiselle au détour d'une réunion sur le campus de l'université. Et tout de suite, on s'était plu. Durant les deux années qui avaient suivi, nous étions devenues, en quelque sorte, inséparables puisque nous étions impliquées dans la même association étudiante et que les postes que nous occupions chacune, nous amenaient à nous déplacer ensemble, à travers le Québec. Et même si on prenait nos rôles bien au sérieux, on a pleinement profité pour devenir d'excellentes amies, des complices accomplies.

Nous savions dès le départ que la fin de nos années de bac nous séparerait. Elle était fiancée avec un mec originaire de Tunisie qui étudiait en France. Par conséquent, elle se préparait à se marier en même temps qu'elle se faisait à l'idée qu'elle irait vivre dans un autre pays. Le fiancé, je l'avais rencontré un an avant le mariage, et là aussi, le contact avait été chaleureux et profondément humain. Si beaucoup de gens de notre entourage doutaient de ces futures épousailles, moi je m'étais mise à y croire comme mon amie y croyait parce que j'avais vu s'opérer la chimie entre ces deux êtres.

J'avais été ravie d'assister au mariage tout en étant triste de voir partir ma bonne amie vers des cieux qui ne m'étaient pas connus. Dans les premiers mois, on s'était écrit assez régulièrement. Et puis la vie faisant son œuvre, la correspondance s'était étiolée. Mais de temps à autres, je recevais un message qui annonçait la visite de mon amie et j'ai toujours essayé de me libérer un soir ou deux pour l'occasion, sans que ce soit toujours possible. Ce qui fait que la dernière fois qu'on s'était vu, c'était il y a à peu près une dizaine d'années.

C'est pourquoi, j'avais été surprise et ravie d'avoir un message d'elle la semaine dernière qui m'annonçait sa visite. Elle est venue avec son amoureux (toujours le même) et ils se sont assis à ma table, comme si nous nous étions vus la semaine dernière. On s'est raconté 18 années dans les détails, y compris les moins jolis. Pas de censure, pas de faux-semblants, pas de demies-vérités pour amoindrir les chocs. Et la soirée a passé à la vitesse de l'éclair.

J'avais l'impression qu'ils venaient à peine de débarquer quand ils mon fait réaliser que s'il ne se sauvaient pas dans l'instant, j'aurais un sérieux déficit de sommeil le matin venu. En partant, il m'ont chaleureusement invitée à aller les visiter en France et pour une fois, les conditions sont plutôt réunie pour que cette idée fasse du chemin dans ma tête. J'ai payé mes dettes et ils pourraient me loger sans que j'ai l'impression de marcher dans leur intimité.

Bref, ce fut une visite presque surprise, courte mais intense. Le genre de soirée de laquelle on n'attend pas grand chose mais qui fini par nous nourrir l'âme et le cœur. À répéter sans modération.

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