Assassine
Disons que je vis dans un
spacieux 3 ½ que je prends pour un 4 ½ puisque j'utilise largement
la mince extension extérieure qu'est mon balcon. Je le vis
réellement comme une pièce supplémentaire. Et c'est pas mal la
pièce que j'utilise le plus. Par voie de conséquence, ma porte est
pratiquement toujours ouverte. Je me plains souvent de me faire
bouffer par les moustiques continuellement. Disons qu'en laissant la
porte grande ouverte tout le temps, je ne m'aide pas vraiment. Enfin
bref, ce sont des désagréments mineurs à tout le bonheur que je
trouve à fréquenter ainsi mon extension.
Toutefois, hier en
rentrant du travail, j'ai eu une drôle de surprise. Dans la fenêtre
de ma pièce principale. J'ai deux beaux panneaux de rideaux blancs
agrémentés de belle grosses fleurs rouges et oranger. Ça habille
la fenêtre et ça donne du pep à la pièce. Dessous, il y a trois
panneaux de plein jour ce qui me permet une certaine intimité à
l'intérieur, mais surtout ça empêche les rayons du soleil de trop
réchauffer un appartement dans lequel les courants d'air sont
absents. Et avec l'été qu'on vient de connaître, ces pleins jours
valent leur pesant d'or.
Sauf qu'à mon retour
hier, j'ai découvert une colonie de mouches prises entre les
fenêtres et les pans du plein jour. Il devait y en avoir une
trentaine sans exagération. J'ai bien essayé de les chasser, mais
c'est nono une mouche, j'avais beau avoir ouvert toutes les fenêtre
en plus de la porte, elles se ruaient collectivement vers les résidus
de bouts de fenêtre plutôt que de prendre la poudre d'escampette
par les ouvertures que j'avais créées. J'ai donc entrepris des les
chasser à mains nues. Résultat : je suis désormais une tueuse
de mouche en série. Les pauvres étaient épuisées. Parce que dans
une fenêtre, il n'y a pas beaucoup de nourriture pour une mouche.
Alors, elles ne sont plus du tout alertes et vaillantes. C'est une
sensation des plus désagréables de sentir une mouche dans ses
mains. En tout cas, moi je ne prise pas trop.
J'ai donc abandonné ma
pseudo tentative de sauvetage. De toute manière, je n'avais qu'un
succès mitigé. Et puis, si des mouches qui me volent au dessus de
la tête quand je dors ça m'horripile, lorsqu'elles sont coincées
entre une fenêtre et un plein jour, elles ne me dérangent pas
beaucoup. Mais à mon réveil, j'ai découvert un charnier. Il y
avait à peu près vingt mouches mortes sur le bord de la fenêtre ou
sur le plancher. Quelques unes ne l'étaient pas vraiment, ce qui
était assez troublant, je dois le dire.
J'ai ramassé le
charnier, fait disparaître tous les corps morts dans le fond de ma
poubelles, un peu découragée. J'envisage de me munir d'un de ces
trucs collants qui ornent (ornaient?) les chalets québécois envahis
par les mouches, pour l'été prochain. Parce qu'il semblerait que je
me sois installée juste assez à la campagne pour que j'aie à
réfléchir à a cohabitation avec les moustiques de toutes sortes.
Je ne me rappelais pas à
quel point Ahuntsic était un espace champêtre. Je croyais que mon
idée de la banlieue en ville était un souvenir romantico tordu de
mon enfance.
Faut croire que je me
trompais.
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