Le 12 août, j'achète un livre québécois
Il y a cinq ans naissait,
à l'initiative de deux auteurs québécois que je ne connaissais
pas, la journée, j'achète un livre québécois.
Déjà, à la première occasion, on en entendait parler en librairie
et les clients étaient tout étonnés que nous n'ayons pas fait de
mise en place pour l'occasion. Il faut savoir que c'était alors une
première et que ça partait d'une page Facebook qui incitait les
Québécois à collectivement penser à acheter des livres d'ici de
tout acabit, mais ce n'était rien de plus qu'une bouteille lancée à
la mer de l'internet. Alors, les libraires ont été surpris par la
demande soudaine. L'année suivante, prévenues, la plupart des
librairies avaient au moins fait une mise en place.
L'an
dernier, nous avions des auteurs en séances de signatures. Plusieurs
par succursale, ce qui a occasionné certaines anicroches dans les
ballets entre deux auteurs et au final, trop d'événements en même
temps c'est comme pas assez, on fini par s'y perdre et le succès est
moyennement au rendez-vous, sauf pour l'achat des livres, parce que
ça, année après année, c'est un succès qui ne se dément pas.
Cette
année, nous avions une auteur de littérature jeunesse, éditée
dans une maison d'édition dont j'ignorais l'existence il y a deux
semaines. Il va sans dire que je ne connaissais pas davantage cette
auteur pourtant prolifique. Elle s'est installée à l'entrée du
magasin en début d'après-midi et elle a animé la boutique de très
belle manière. D'abord, elle accueillait tous les clients avec un
large sourire et expliquait la journée. Bien entendu, elle vendait
d'abord ses livres, c'est le jeu, sauf que sa joyeuse bonhomie a fait
des miracles pour les ventes d'autres auteurs québécois. Elle
disait à tout le monde : « Si mes livres ne sont pas dans
votre créneau, au moins faites fièrement votre 12 août ».
Par
conséquent, tous les employés ont largement été pris à
contribution dans la valse des suggestions de livres d'auteurs d'ici.
Sans discrimination; romans, albums, BD, biographies, livres de
sport, de cuisine, de croissance personnelle et tutti quanti. Et le
personnel a fait sa part, moi incluse avant de quitter la succursale.
J'avais appris, vendredi, qu'il y avait eu une augmentation de 323%
des ventes de livres québécois le 12 août l'an dernier et ça
m'avait réchauffé le cœur, pour tous ces auteurs qui sont trop
largement inconnus.
Et
en fin de journée, alors que l'auteur avait quitté depuis deux
bonnes heures un homme est entré avec ses filles alors que je me
battais avec le recyclage. Je l'ai immédiatement reconnu. Il était
venu en magasin au début de l'hiver pour me parler de sa petite qui
avait des difficultés en lecture et il trouvait ça terriblement
triste parce qu'elle se détournait des livres, elle qui les avait
tant aimé jusqu'à ce que la lecture devienne un devoir. Je lui
avait alors suggéré de prendre un livre qui l'intéresserait lui,
pour partager, avec sa fille, la lecture. Et évidemment, de
commencer avec des choses faciles pour que la lecture devienne une
réussite et un plaisir et non un devoir.
Alors,
il m'a présentée à sa fille en lui disant que j'étais celle qui
lui avait fait acheter : « Chloé et sa copine de
lecture » qui avait permit à la fillette de débloquer de
trouver le plaisir de lire, avec son papa. Je dois dire que j'ai vécu
une vraie grosse émotion, les larmes me sont littéralement montées
au yeux, mais c'étaient des larmes de joie. La petite est partie
avec deux beaux livres québécois, fière comme une princesse
qu'elle était d'avoir un livre avec presque pas d'images à lire
avec son papa. Et lui est parti en me serrant la main et en me
disant : « merci, merci, merci », comme si j'avais
fait une vraie différence dans sa vie.
Aujourd'hui,
c'était une journée de fête qui ne pouvait pas vraiment mieux se
terminer.
Libellés : Vie en communauté