dimanche, août 12, 2018

Le 12 août, j'achète un livre québécois

Il y a cinq ans naissait, à l'initiative de deux auteurs québécois que je ne connaissais pas, la journée, j'achète un livre québécois. Déjà, à la première occasion, on en entendait parler en librairie et les clients étaient tout étonnés que nous n'ayons pas fait de mise en place pour l'occasion. Il faut savoir que c'était alors une première et que ça partait d'une page Facebook qui incitait les Québécois à collectivement penser à acheter des livres d'ici de tout acabit, mais ce n'était rien de plus qu'une bouteille lancée à la mer de l'internet. Alors, les libraires ont été surpris par la demande soudaine. L'année suivante, prévenues, la plupart des librairies avaient au moins fait une mise en place.

L'an dernier, nous avions des auteurs en séances de signatures. Plusieurs par succursale, ce qui a occasionné certaines anicroches dans les ballets entre deux auteurs et au final, trop d'événements en même temps c'est comme pas assez, on fini par s'y perdre et le succès est moyennement au rendez-vous, sauf pour l'achat des livres, parce que ça, année après année, c'est un succès qui ne se dément pas.

Cette année, nous avions une auteur de littérature jeunesse, éditée dans une maison d'édition dont j'ignorais l'existence il y a deux semaines. Il va sans dire que je ne connaissais pas davantage cette auteur pourtant prolifique. Elle s'est installée à l'entrée du magasin en début d'après-midi et elle a animé la boutique de très belle manière. D'abord, elle accueillait tous les clients avec un large sourire et expliquait la journée. Bien entendu, elle vendait d'abord ses livres, c'est le jeu, sauf que sa joyeuse bonhomie a fait des miracles pour les ventes d'autres auteurs québécois. Elle disait à tout le monde : « Si mes livres ne sont pas dans votre créneau, au moins faites fièrement votre 12 août ».

Par conséquent, tous les employés ont largement été pris à contribution dans la valse des suggestions de livres d'auteurs d'ici. Sans discrimination; romans, albums, BD, biographies, livres de sport, de cuisine, de croissance personnelle et tutti quanti. Et le personnel a fait sa part, moi incluse avant de quitter la succursale. J'avais appris, vendredi, qu'il y avait eu une augmentation de 323% des ventes de livres québécois le 12 août l'an dernier et ça m'avait réchauffé le cœur, pour tous ces auteurs qui sont trop largement inconnus.

Et en fin de journée, alors que l'auteur avait quitté depuis deux bonnes heures un homme est entré avec ses filles alors que je me battais avec le recyclage. Je l'ai immédiatement reconnu. Il était venu en magasin au début de l'hiver pour me parler de sa petite qui avait des difficultés en lecture et il trouvait ça terriblement triste parce qu'elle se détournait des livres, elle qui les avait tant aimé jusqu'à ce que la lecture devienne un devoir. Je lui avait alors suggéré de prendre un livre qui l'intéresserait lui, pour partager, avec sa fille, la lecture. Et évidemment, de commencer avec des choses faciles pour que la lecture devienne une réussite et un plaisir et non un devoir.

Alors, il m'a présentée à sa fille en lui disant que j'étais celle qui lui avait fait acheter : « Chloé et sa copine de lecture » qui avait permit à la fillette de débloquer de trouver le plaisir de lire, avec son papa. Je dois dire que j'ai vécu une vraie grosse émotion, les larmes me sont littéralement montées au yeux, mais c'étaient des larmes de joie. La petite est partie avec deux beaux livres québécois, fière comme une princesse qu'elle était d'avoir un livre avec presque pas d'images à lire avec son papa. Et lui est parti en me serrant la main et en me disant : « merci, merci, merci », comme si j'avais fait une vraie différence dans sa vie.

Aujourd'hui, c'était une journée de fête qui ne pouvait pas vraiment mieux se terminer.

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