Du soleil dans la pluie
Depuis deux ou trois ans,
avec mon amie Geneviève, nous avons beaucoup de plaisir à aller
passer des après-midis au Céramik Café. C'est une bonne manière
de libérer notre créativité, de nous voir, mais pas tant de
parler, parce que concentrées comme nous le sommes, nous oublions
souvent de dire quoique ce soit. Ainsi on a coloré des gnomes, une
tasse, un lion un repose cuiller et pour moi aujourd'hui, un petit
animal pour ma nièce, son frère ayant obtenu le lion plus haut
mentionné.
À tous les coups, je dois me pousser dans le dos
pour me rendre au rendez-vous et je ne le regrette jamais parce que
j'en sors reposée, calme et heureuse. Je devrais vraiment reprendre
une pratique artistique plus fréquente (autre que l'écriture, bien
entendu) tant ça me fait du bien. Et puis, si je ne suis pas une
grande dessinatrice, j'ai appris très jeune à manier les pinceaux,
crayons et autres outils d'artistes en herbe. Alors je dirais que je
me défend honorablement en ces domaines. D'ailleurs, les enfants
présents en même temps que nous dans le café s'exclament souvent
positivement devant mes œuvres.
Par un journée grise, remplie d'averses, l'option
du Céramik nous semblait particulièrement bienvenue pour meubler
les heures de la journée. Nous n'étions pas les seules à avoir
pris cette option. L'endroit était plein et particulièrement
bruyant. Des enfants criaient et s'agitaient dans tous les sens. Si
l'activité était reposante pour le cœur et l'esprit, elle ne
l'était pas du tout pour les oreilles. Ce qui ne nous dérangeait
pas vraiment, en tout cas, pas suffisamment pour briser notre
concentration.
Derrière moi, il y avait une famille dont un des
enfants était trop petit pour participer à l'activité. Pendant une
vingtaine de minutes, qui m'ont parues beaucoup plus longues, le
petit pleurait pour obtenir l'attention de sa mère ou celle de son
père. Il était tout seul dans son carrosse tandis que les autres
peinturluraient joyeusement les objets qu'ils avaient choisis. Alors
il battait furieusement des pieds accrochant fréquemment ma chaise
au passage. Au final, le papa a décidé de sortir promener le poupon
qui a fini par s'endormir assez lourdement pour que tous deux
puissent revenir au café, un peu plus calmement.
Évidemment, je me suis amusée à espionner les
œuvres des autres et si certaines de celles produites par des
enfants m'arrachaient un sourire attendri, j'ai pu, encore une fois,
constater que ces céramiques permettent de montrer beaucoup de
talents tout à fait divers. Si j'hésite à franchement me glisser
entre les tables afin de zieuter adéquatement toutes ces œuvres, je
n'hésite jamais à m'exclamer positivement devant quelque chose que
je trouve particulièrement réussi. Ça appelle des sourires et des
hochements de tête ravis.
En résumé, je dirais qu'aujourd'hui mon amie et
moi avons fait du soleil avec la grisaille qui nous était impartie.
Je vois difficilement comment on aurait pu mieux
occuper notre journée.
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