Mes degrés de popularité
Ça fait longtemps que je
prétends que si j'avais à me trouver un amoureux, il faudrait que
je pige dans bassin de petits garçons âgés entre six mois et cinq
ans. Je ne sais pas ce que mon visage a de séduisant pour cette
tranche d'âge, mais j'y mesure quasi quotidiennement mon degré de
popularité. J'y vois deux problèmes majeurs, le premier c'est que
que j'ai la fibre pédophile à zéro moins mille et le second c'est
que ça ne fonctionne à peu près juste avec les enfants que je ne
connais pas.
Prenez Zazou par exemple,
il est pratiquement imperméable à mes efforts de rapprochement.
C'est lui qui décide s'il me parle où si nous faisons une activité
ensemble. Et règle générale, surtout depuis qu'il a atteint l'âge
vénérable de deux ans et demi, il s'occupe beaucoup à m'interdire
toutes sortes de choses comme d'aller courir dans le court de tennis
du Club, de me baigner quand la canicule rugit, ou de jouer aux
petites voitures. D'ailleurs depuis un petit moment, je me dis que je
devrais attendre qu'il vienne me voir plutôt que de lui dire bonjour
quand on se voit, histoire de voir si ça pourrait un peu changer nos
rapport.
Ceci étant dit, j'ai un
succès bœuf avec les enfançons que je ne connais pas, en général.
Je le vois souvent au travail. Ils me regardent de leurs grands yeux
et semblent complètement fascinés par tout ce que je dis en tétant
diligemment leur suce. Ou encore, ils viennent me montrer fièrement
leur prochain achat, évidemment payé par leur parent. La grande
aventure de Monsieur Caca est un
des titres qui me sont le plus souvent agités sous le nez, comme si
en ayant ce livre en particulier, les enfants étaient décidément
plus à la page que moi. Je m'exclame toujours aux bons moments et
j'approuve avec enthousiasme tous les choix qu'on me présente, même
s'il m'arrive régulièrement de ne pas être d'accord avec ces
derniers.
Mais ma popularité
auprès des petits garçons s'étend aussi dans les transports en
commun. À tous les jours, ou presque, je croises des enfants qui me
zieute de manière presque gênante. Je leur fait des « tata »
et des sourires, parce que bon, je les trouve mignons. Quelquefois,
les parents semblent mal à l'aise de nos échanges et je les
comprends, enfin je crois, parce que j'imagine que si j'étais mère,
je crois que je serais louve et protectrice. Cependant il arrive des
situations un tantinet incontrôlables.
Comme tout à l'heure,
quand le métro était plein et que la maman de trois enfants
visiblement débordée a demandé à ses enfants de s'asseoir par
terre histoire de lui permettre à elle de voir un peu le bout. Son
enfant mitoyen a sans doute pensé que le plancher ne serait pas tout
à fait confortable, alors il est venu s'asseoir sur mes genoux.
Sérieusement, j'ai trouvé cela très mignon, mais la maman elle a
incontestablement trouvé que c'était la goutte qui faisait déborder
son vase.
Elle ne s'est pas choquée
mais m'a promis d'expliquer à son garçon que tous les étrangers
n'étaient pas nécessairement des personnes gentilles.
Moi, je n'avais rien
demandé et j'ai pris le câlin avec autant de plaisir que de surprise.
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