Kidnappée
Je suis tombée sur une
entrevue radiophonique, un peu par hasard, dansa la nuit de samedi
puisqu'elle était en rediffusion. C'était à La soirée est
encore jeune et l'homme qui
répondait aux questions était Jean-François Roberge, député de
la CAQ et enseignant au primaire dans sa vie précédente. Je le
connais parce que je suis allée au Cégep avec lui et il était, à
l'époque, mon ami. Je dirais que deux minutes après de début de
son entrevue, j'ai retrouvé le sens de l'humour dont je me souviens
si bien, parce que le premier lien qui nous a uni c'est sans doute
que je riais beaucoup de ses niaiseries.
Si
mes souvenirs sont exacts, on s'est d'abord rencontrés dans un cours
et, étant ce que je suis, je me suis mise à m'intégrer un peu à
son groupe d'amis tout en continuant à butiner largement dans toute
sortes d'autres groupes. J'ai fait quelque chose ressemblant à cela
pas mal toute ma vie du reste, fréquenter plein de groupuscules tout
en maintenant certaines amitiés plus profondes, généralement à
l'extérieur de ces groupes.
Bref,
en l'entendant avoir du répondant face aux animateurs, disons,
abrasifs, de cette émission, je reconnaissais bien mon ancien
camarade malgré le fait qu'il soit désormais un politicien depuis
plusieurs années et que beaucoup d'analystes le compte parmi les
candidats au poste de futur ministre de l'éducation.
Personnellement, je verrais cette nomination potentielle d'une assez
bonne venue, parce que je sais que l'homme en question est préoccupé
par l'éducation depuis nos années collégiales, il a donc eu
largement le temps de réfléchir à ce sujet important.
Mais,
ce dont je me rappelle le plus de l'homme en question, c'est que
c'était un grand taquin. Il ne ratait jamais une occasion de me
mettre en boîte ou de me faire marcher, et comme je suis naïve
généralement, je ne marche pas je cours. Et ce, au plus grand
plaisir des personnages qui s'amusent à mes dépends.
Bref,
une fin de semaine, je m'étais foulé la cheville au métro
Jean-Talon. J'étais sortie danser avec d'autres amis et c'est un
bête accident de changement de ligne qui m'avais vue tomber plutôt
que la soirée en tant que telle. Quelque que soit le lieu de
l'incident, le résultat était que j'étais considérablement
ralentie dans mes déplacements la semaine suivante.
En
étant consciente, j'avais entrepris de prendre de l'avance pour me
rentre à mon cours de Philo quand je fus interceptée par
Jean-François et son ami Étienne et qu'en moins de temps qu'il ne
m'en a fallut pour réaliser ce qui m'arrivait, je me suis ramassée
assise sur le dessus d'un frigidaire, dans une pièce de circulation
avec mes deux bourreaux assis devant moi, interdisant à tout le
monde de me venir en aide, pendant que je ne savais plus trop si je
riais ou si je pleurais. Je ne me rappelle plus pour quelle raison
ils m'avaient kidnappée sur un réfrigérateur, je suppose que
c'était par simple plaisir de voir ce qui arriverait. N'empêche que
ça demeure un souvenir marquant.
Battu
peut-être seulement à mon panthéon, par celui du prof qui passant
par là après son cour qui m'a lancé : « Ah, c'est là
que vous étiez mademoiselle Cazelais. J'espère que vous serez
sortie de votre fâcheuse condition, lors de mon prochain cours ».
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