dimanche, octobre 07, 2018

Mariage d'automne

Il y a quelques années déjà, il y avait ce grand jeune homme qui traînait ses savates à la librairie. Il venait souvent chercher une personne, mais on commençait à se dire qu'il s'attardait toujours un peu longtemps auprès d'une des nôtres. Celle-ci en tout cas, le trouvait séduisant et ne s'en cachait presque pas. À l'époque, elle était, je dirais fragile, en perpétuel déséquilibre sur sa propre ligne de vie. Si, la plupart du temps, elle était joyeuse, il lui arrivait de se lever au beau milieu du pays des zombies et ces jours-là, qui s'étiraient parfois en semaines, elle peinait sincèrement à mettre un pied devant l'autre. C'est avec beaucoup de courage elle continuait à avancer, malgré tout.

Alors quand ce grand jeune homme s'est mis à la visiter pas tout à fait subtilement et que nous, ses amies, l'avons vue s'illuminer de l'intérieur, nous étions heureuses de voir qu'elle se portait bien en sa compagnie et surtout qu'elle semblait croire qu'il pourrait peut-être y avoir pour elle un brin d'amour ou d'affection sans qu'il lui faille s'émietter le cœur dans d'atroces douleurs pour que le sentiment existe. Elle disait, et dit toujours, que cette homme était pour elle un ancrage dans ses tempêtes, alors après l'avoir attrapé, elle ne l'a plus lâché. En moins de temps qu'il n'en faut pour dire : « lapin » il a été intégré au groupe de filles du boulot qui allait prendre une bière le jeudi.

Au départ, je dirais que je n'étais pas certaine que cette histoire allait durer, tout en sachant qu'ils s'aimaient très fort. Mais eux y croyaient, et c'est là, je crois, l'essentiel. Ensemble ils ont construit des ponts entre toutes sortes de sujets les faisant se rapprocher de telle manière que ceux-ci ont fini par se toucher. Ils ont franchi leurs étapes dans l'ordre, pour eux. L'achat d'une maison, pour commencer, un fils pour continuer et un autre quelques années plus tard. Et au bout de douze ans, ils se sont dit qu'il était plus que temps de passer à autre chose, c'est-à-dire de se marier. C'est ainsi que, un an plus tard, par une journée grise d'octobre, égayée par une flambée des couleurs particulièrement réussie, ils ont convié parents et amis à être témoins de leur union.

Comme on pouvait s'y attendre connaissant les principaux intéressés, ce n'était pas tout à fait traditionnel, à commencer par une mariée en pantalons et un marié en espadrilles. Ce qui ne les empêchait absolument pas de briller d'une élégance tout à fait dans leur genre. Et le décor était lui aussi à leur image, chaleureux et bon enfant.

Ils se sont échangés leurs vœux en toute simplicité avec un clin d’œil de leurs enfants qui participaient fièrement à la fête. C'était un magnifique moment, tout en douceur et en complicité. Je leur souhaite encore un grand bout de chemin côte-à-côte parce qu'ils se complètent et s'équilibrent particulièrement bien.

Grâce à eux, hier soir, personne n'aurait pu croire que pour certains, l'automne est une saison triste.

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