La fête d'automne
J'ai tracé un portrait,
il y a quelques années, de ce que j'appelais Noël dans la Terre du
Milieu. Ce Réveillon au cours duquel ma mère, en plus de sa propre
famille accueille un de ses frères et sa propre descendance. C'est
vraiment devenu une tradition chère au cœur de tous les
participants. Même si, pour toutes sortes de restrictions
contradictoires, il devient parfois presque sportif de trouver le
repas qui pourra convenir à tous. Nous ne sommes certainement pas la
seule famille à Montréal à jongler avec ce genre d'enjeu, alors on
s'en accommode comme on peu.
Depuis que ma sœur à
des enfants ce genre peut s'avérer très ardue parce que Zazou a
très envie d'avoir tout plein d'attention, particulièrement de la
part de sa Grand-Mamie chérie mais que ce n'est pas toujours
possible. Alors, évidemment, le petit n'est pas toujours un ange en
de telles circonstances. Surtout que plus nous sommes nombreux, plus
la soirée a tendance à s'étirer et bien entendu, la fatigue
s'ajoutant à l'excitation, ça donne des résultats, détonants
mettons. Et plus ce jeune homme est excité, moins il y a de chance
que la petite Coccinelle réussisse à s'endormir en cours de soirée.
Bref, en regard de ces
circonstances, ma mère a eu l'idée cette année, de devancer notre
souper inter-familial et d'en faire un souper d'automne. Ça adonne
bien, on a une pluie d'anniversaires à célébrer à cette période
de l'année. Elle croyait, à raison, que le temps des fêtes étant
tout sauf reposant, d'avoir un Réveillon en famille réduite serait
sans doute plus facile pour la plupart d'entre-nous. Pour ma part
quand je l'ai appris, j'ai été un peu triste, mais je me suis
résolue à bien profiter de la fête d'automne à la place.
Elle a eu lieu hier soir,
avec beaucoup de moments cocasses, malgré le petit garçon excité
et enrhumé décrit plus haut. Il y avait quelque chose de précieux
dans cette fête inventée, parce qu'il fallait bien chanter Bonne
fête et souffler le feu. On a
même eu le droit à la version anglaise chanté par un presque trois
ans, très fière de montrer à la tablée qu'il est capable de
chanter tout seul cette chanson là.
En
tournant les coins ronds, pour les besoins du récit, je dirais que
ma sœur a annoncé qu'elle était bien triste qu'on ne répète pas
Noël cette année. À cet instant précis je suis presque certaine
que tout le monde a eu envie de lui répondre : « moi
aussi! » Elle a continué en expliquant que si ça se
refaisait, il faillait changer certaines choses, comme l'heure de
début, et peut-être avoir l'audace de sortir le dessert avant les
fromages pour que Zazou puisse en profiter et que sa famille puisse
s'éclipser plus tôt, si le cœur lui en disait sans que ça ne
devienne compliqué.
Il
y a eu une grande émotion et tout le monde s'est regardé pour se
dire que oui, on avait vraiment envie de passer Noël ensemble cette
année. Moi, j'avais la gorge serrée et les yeux mouillés, parce
que je trouve assez extraordinaire d'avoir l'occasion de choisir ma
famille de Noël.
C'est
ce que j'appelle le vrai luxe.
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