Mon Afrique (imaginaire)
Depuis que l'été s'est
évanoui aussi brutalement qu'il était arrivé, je passe un peu
moins de temps sur mon fabuleux balcon. Parce que je veux bien
utiliser toutes mes pièces, mais un moment donné, une fille a
froid. Je suis heureuse de constater qu'il fait bon être à
l'intérieur à faire des casse-têtes. Je suis un peu cinglée en
cette matière, j'en ai fait plus de vingt en trois mois. Sauf que ça
permet de faire passer le temps et comme j'ai décider de ne pas
brancher la télé, ni m'abonner à des service télévisuels en
ligne, il faut bien que je trouve le moyen de meubler mes heures.
Cependant, je retourne
dehors malgré le fond de l'air frais. Pour assouvir ma dépendance à
la cigarette, en partie, mais surtout pour rêver. Il me semble qu'on
rêve mieux dehors. Et ça faisait un bail que je ne m'étais pas
livrée sciemment à cette activité. Ça ne nourrit pas
nécessairement mon sac à histoires pour celles que j'aurai à
raconter deux fois semaine, mais ça m'apaise l'âme je dirais.
Ainsi, j'adore être assise là au moment où le soleil disparaît à
l'horizon. De mon perchoir, qui n'est pas très haut, j'ai la vue
bloquée par un paquet d'édifices et beaucoup de verdure aussi.
Je n'ai jamais vu
l'Afrique, sauf que tous les soirs, à la brunante, j'ai l'impression
d'avoir une vue d'Afrique. J'ai dans la tête des images empruntées
à divers documentaire sur ce continent que je n'ai pas foulé,
additionnées à celles du cinéma en dessins ou en vrai. Bien
entendu, ce sont des images clichées, au moins autant que celles
concernant le Canada que j'entends quotidiennement sortir de la
bouche des touristes en quête d'un bout du nous de carte postale
dont ils rêvent, mais qui n'existe pas vraiment, du moins plus de
nos jours.
Toujours est-il que dans
mes propres préjugés sur un continent que je ne connais pas, j'ai
cette image qui ne décolle pas de l'arbre solitaire qui se dégage à
contre-jour dans la vaste savane qui semble déserte, mais qui on le
sait, regorge de vie. À tout coup, je me met à me raconter toutes
sortes d'histoires plus fantaisistes les unes que les autres qui me
permettrais de m'être transporter l'espace d'un coucher de soleil,
dans cet univers dont j'ignore à peu près tout. Mon imagination
part parfois dans des directions qui me laisse moi-même bouche-bée,
je crois que même mon neveu trouverait un tantinet bizarre. Il faut
savoir qu'il a un jour réussi à terminer un récit dans la savane
alors que ses personnages principaux étaient un homard et des
écureuils.
Le plus souvent,
cependant, je me contente de me faire croire que je suis sur cet
autre continent où il ne fait pas quelques degrés sous zéro, pour
le plaisir d'avoir moins froid juste parce que je me rappelle des
rayons du soleil sur ma peau.
Et la plupart du temps,
j'y crois.
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