dimanche, novembre 04, 2018

Choc de valeurs

Il y a certains types de personnalités avec lesquelles j'ai de la difficulté à composer. Ce ne sont, généralement pas de mauvaises personnes, juste des gens qui heurtent tellement mes valeurs que je dois perpétuellement me tourner la langue dans la bouche 7 fois avant de parler. J'appelle cela des allergies humanitaires.

Tenez cette jeune fille qui fréquente la librairie. Elle porte perpétuellement une moue boudeuse et ça ne lui prend pas d'encouragement pour laisser aller de petites doses de venin sur un paquet de sujets. Souvent, elle est frustrée par ses patrons ou professeurs et c'est généralement parce que l'un deux ne lui a pas accordé la valeur qu'elle croit avoir. Elle fait partie de ces jeunes qui pensent que leur droit est d'obtenir au moins la note de passage. Même si elle n'a pas mis les efforts qu'il faudrait pour réussir un examen ou un travail.

Hier, son sujet de récrimination était ses patrons parce qu'elle s'est fait dire qu'il était inadmissible qu'elle soit en retard, même de quelques minutes. Je ne sais pas pourquoi elle me prend pour sa confidente, d'habitude je suis plutôt transparente avec ce type de personnalité et il est assez évident que je ne les prise pas particulièrement. M'enfin, il semblerait qu'avec elle j'ai complètement raté mon coup. Bref, elle pestait allègrement sur ses méchants patrons parce qu'on lui reprochait ses retards. Elle me disait : « Je ne comprends pas, qu'est-ce que ça leur fout que j'ai cinq ou six minutes de retard? Anyway ils ne me paient pas ces minutes-là! » Il va sans dire que j'étais interloquée. Pour moi, la ponctualité est une valeur cardinale.

Comme je sais d'expérience qu'elle attend de moi une réponse, j'ai continué à classer mes jeux en pensant à ma réponse. J'ai fini par lui dire que selon moi c'est parce qu'un retard même minime avait un impact sur les horaires et la charge de travail de ses collègues et que par respect pour l'ensemble de son équipe de travail, il me semblait important de respecter les horaires qui lui étaient impartis. Elle me regardait de ses grands yeux ronds totalement incapable de comprendre les concepts que je trouvais pourtant clairs. Je n'ai pas poussé plus loin la discussion, après tout, j'étais au travail et elle n'est pas mon amie, mais je me suis demandé quand quel espèce de milieu elle avait grandi si pour elle il était si compliqué de comprendre que sa liberté s'arrêtait là où celle des autres débute.

Heureusement, ce travers n'est pas si répandu, en fait des retardataires il y en a toujours eu, sauf que jusqu'à cette discussion, tous les retardataires que j'ai connu étaient au courant que ce non respect de l'horaire n'est pas leur plus grande qualité, si je peux l'exprimer ainsi.

Entre vous, moi et le barreau de chaise, je ne suis pas certaine d'avoir hâte à la prochaine fois où elle viendra me trouver pour déverser son fiel tout en me disant en même temps que je fais peut-être minimalement œuvre utile en la confrontant dans ses convictions...

Seul l'avenir nous le dira.

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