dimanche, novembre 11, 2018

Éclats de rêves

Ça faisait plusieurs mois que je me disais que je devrais aller me promener dans les rues de mon quartier. Mais je trouvais toujours le moyen de remettre cette activité à plus tard pour toutes sortes de raisons, plus vaines les unes que les autres. J'ai fini par faire part de mon projet à ma mère et à l'inviter à m'accompagner, histoire de me donner une forme d'obligation à tenir parole envers moi-même. C'est ainsi que nous avons entrepris de nous balader dans le Parc de l'île-de-la-Visitation. J'avais envie de voir un endroit qui serait à peu près resté identique au souvenir que je m'en faisais.

Si effectivement, j'ai trouvé un parc bien préservé, je dois me rendre à l'évidence que mes souvenirs eux, le sont pas mal moins. Du moins une partie d'entre-eux. Je ne sais pas pourquoi, j'avais dans l'idée que mes grands-parents paternel avaient un jour changé de domicile durant mon enfance. J'en étais totalement persuadée. À un point tel que je pouvais identifier un immeuble et une adresse correspondant à ce souvenir. Ma mère me dit que c'est faux. Comme elle était adulte et moi enfant, je crois que sa mémoire est beaucoup plus fiable que la mienne sur ce sujet. N'empêche que ça remet en question beaucoup de choses que je crois savoir parce que ça met en lumière les biais de mémoire involontaires qui jalonnent nos parcours de vie.

Bien entendu, je sais très bien que parfois, surtout quand j'écris et pour les bienfaits du texte, je modifie un peu la réalité. Je ne l'annonce d'ailleurs pas toujours, après tout, mon blogue n'étant pas un journal, je peux bien me permettre de jouer un peu avec le réel afin de le faire caser dans la forme que j'ai choisi de lui faire adopter. Mais d'autres fois, je me rend compte que les souvenirs se tordent et se teintent sans vraiment qu'on s'en aperçoive et on fini par ajouter à ce faux réel des couches et des couches d'impressions qui finissent par en faire une réalité jusqu'à ce que celle-ci soit calmement révoquée par un veto maternel. Troublant.

N'empêche que, mis à part, ce rêve (parce que je ne sais pas comment nommer autrement cette invention de ma pensée) qui a volé en éclat, j'ai passé un très bel après-midi à discuter à bâtons rompus avec ma mère tout en profitant d'un site magnifique. Au retour, pour tester mes théories, nous avons emprunter le boulevard Gouin qui est une rue que je trouve totalement fascinante dans cette partie de la ville car elle possède le charme suranné des vieux villages de cartes postales qu'on ne croit pas rencontrer ici. Bien entendu, aux maisons d'antan s'additionnent des bâtisses de tout acabit qui n'améliorent pas nécessairement le paysage, mais j'aime beaucoup m'inventer (cette fois sciemment), une vie de village d'une époque depuis longtemps révolue.

En somme, j'ai passé une bonne partie de la journée en voyage. En voyage dans mes souvenir erronés, dans le passé, le mien et celui de la ville et aussi dans un bout de campagne à deux pas de grosses autoroutes sans que j'en ressente ne serait-ce qu'un peu la présence.

Ce qui m'amène à penser que je devrais me botter les fesses un peu plus souvent pour aller arpenter ce quartier que j'aime à tous les jours un peu plus, pour ses particularités, son histoire et ses habitants.

Il y a des choix comme cela, que l'on ne regrette pas.


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