samedi, décembre 06, 2014

Des filles comme ça

Il y a des filles, qui n'ont rien demandé à personne, mais à qui des inconnus se donnent le droit de crier, gratuitement, qu'elles sont trop grosses ou trop maigres.

Il y a des filles qui se font dire qu'elles veulent du sexe parce qu'elles s'habillent de manière sexy ou suggestive. Des filles auxquelles on affirme que leur tenue est une obligation d'aller plus loin.

Il y a des filles qui se réveillent dans leur lit, où elles s'étaient sagement couchées toutes emmitouflées dans des pyjamas douillets, soudainement dénudées par un intrus qu'elles savaient présent, quelque part endormi dans un tas de manteaux qui traînaient sur le plancher et qu'elles avaient omis de mettre à la porte, par politesse. Des filles qui se sentiront souillées jusqu'à l'usure d'une telle expérience, mais qui n'auront jamais dénoncé parce que leur corps aura répondu aux caresses auxquelles elles n'avaient jamais sciemment acquiescé.

Il y a des filles qui se font amadouer par une personnalité publique, ou pas, et qui se retrouvent à donner beaucoup plus que ce qu'elles avaient prévu au départ. Des filles qui tentent de dire non et à qui le couperet du « Si tu m'as accompagné, c'est parce que tu veux ce que je veux » aura coupé les ailes.

Il y a des filles qui se terrent sous une apparence gonflée ou rectiligne pour ne plus avoir à dealer avec la séduction, mais qui ne l'admettront jamais, surtout pas à elles-mêmes.

Il y a des filles qui se taisent pour préserver l'amour, ou ce qu'elles croient être l'amour, même lorsque les coups de poings et les coups de gueule leur pleuvent dessus.

Encore pire, il y a des filles qui croient que si elles n'acceptent pas, on ne les aimera pas.

Il y a des filles qui disparaissent sur les autoroutes de ce pays et dont on ne parle pas, ou peu, parce qu'elles sont autochtones.

Il y a des filles, trop jeunes, qui se donnent à des quidams au nom de l'amour d'un autre. ̶ On est toujours trop jeune pour ça.

Il y a des filles dont le corps sert de terreau de colonisation dans tous les pays agités par les guerres qu'elles soient civiles ou territoriales. Ce n'est ni une nouveauté ni sur le point de s'arrêter.

Il y a des filles à qui l'on fait comprendre que si elles étaient un peu plus dans les canons de beauté, elles pourraient obtenir les promotions auxquelles elles aspirent.

Il y a des filles sur lesquelles on veut tirer parce qu'elles sont premières à atteindre le rang de première ministre.

Il y a des filles qui ont fini leur trajectoire de vie, il y a vingt-cinq ans, sous les balles d'un homme, simplement parce qu'elles étaient femmes et en voie de devenir ingénieures.

Ce jour-là, je m'en souviens, c'était la toute première fois où j'ai eu froid à l'âme.

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1 Commentaires:

Blogger Unknown s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Je suis sans voix et je partagerai ce magnifique texte

12:36 p.m.  

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