mercredi, décembre 17, 2014

Des nuits en dents de scie

Décembre est pour moi, et pour toutes les personnes qui travaillent dans le commerce de détail, la haute saison. Les journées sont longues et folles, les gens de plus en plus agressifs et impatients. Je reviens chez-moi vannée, le stress me tient éveillée pendant beaucoup trop longtemps, alors que tout ce dont j'ai réellement de besoin, c'est d'une bonne nuit de sommeil.

Depuis quelques jours, j'ai une raison de plus de mal dormir.

Le problème, quand tes nouveaux voisins du dessus sont de jeunes gens qui en sont à leur premier appartement, c'est qu'ils ne réalisent pas que le son voyage entre les murs et les étages des vieux logements montréalais. C'est un apprentissage que nous faisons tous, un jour. Dans la situation qui nous occupe, ils sont les seuls à en être à cette étape. Tous les autres locataires y sont depuis plusieurs années et connaissent la proximité impudique que notre bâtiment présuppose.

Il y a des gens qui disent que la fin de l'année est un tournant que plusieurs personnes ne prendront pas, comme si elles décidaient de s'éteindre à ce moment précis pour ne pas voir une nouvelle année se lever devant elles. Je crois aussi que certains couples se heurtent à cette charnière.

Actuellement, j'ai l'impression de vivre la fin d'une histoire d'amour en trois dimensions. Je préférerais en ignorer tout, particulièrement les détails. Ce n'est pas le cas.

Il y a des nuits, durant lesquelles, pour la faire chier, je crois, il sort sa basse à des heures indues et joue l'intro de smell like a teen spirit pendant ce qui me semble être des heures. Tandis que je l'entends, elle, crier par dessus la musique, des mots dont je ne saisis pas le sens, étouffés qu'ils sont par les lattes du parquet qui nous séparent. Je l'entends aussi marcher du talon et claquer toutes les portes de leur chez-soi. Ces nuits-là se terminent généralement du balcon à la rue. Elle pleure des larmes amères de son balcon et lui part pour une destination qui m'est, heureusement, inconnue. Je reconnais dans leurs voix les trop plein d'alcool, les drames sans fin que cela implique, aussi.

Ce n'est pas toujours le cas, cependant. Il y a les nuits de l'ultime pardon. Celui qui fait tanguer le lit, au dessus de ma tête, lui faisant rencontrer, avec violence, les murs de la bâtisse. Les cris sont alors différents, mais non moins présents. Toute seule dans le noir, je suis impuissante à retrouver mes songes. J'attends que ça passe.

Ça fait longtemps que je sais que les nuits de Ville-Marie ne sont pas de tout repos. Les nuits d'été et celles des changements de mois, le sont rarement. Mais-là, dans le cœur d'un mois de décembre enneigé, j'avais espéré, vainement semblerait-il, que je pourrais avoir une certaine paix. Pour mon sommeil, du moins.

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2 Commentaires:

Blogger Unknown s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Pas facile de partager ces moments d'intimité avec un autrui étrangé. Pas nécessaire non plus

3:10 p.m.  
Blogger Mamathilde s'est arrêté(e) pour réfléchir...

Non, pas nécessaire. Mais parfois c'est inévitable...

12:08 p.m.  

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