La Louve
Je ne la connais pas
beaucoup. Mais j'ai passé quelques années à la voir un peu plus
que ces temps derniers, dirons-nous.
Lors de notre toute
première rencontre, j'ai eu le sentiment de me rencontrer moi-même,
quelques années plus loin.
Même ton tranchant, même
caractère bouillant. Même volonté de remplir les mandats qui nous
sont confiés. Un petit quelque chose dans le soucis de certains
détails qui laissent plein d'espace à la négligence de beaucoup
d'autres, qu'on ne voit tout simplement pas. Un amour forcené de la
langue française, un sens de l'humour tranchant. Une tendance
certaine à suivre nos coups de cœur jusqu'au bout des sentiers
qu'ils nous permettront d'explorer, quitte à laisser une part de
nous-mêmes accrochés aux branchages que nous aurions croisés.
Ce que j'ai compris de
cette femme, c'est qu'elle est particulièrement fidèle à ses
valeurs et à son intégrité, ne se laissant pas démonter par des
offres qui sont en deça de ses exigences toutes personnelles. Elle
m'apparaît fidèle à un groupe trié sur le volet, des gens qui
auront réussi à atteindre cette parcelle d'humanité que ceux
qu'elle appelle ses proches auront dû conquérir.
Sa plus grand fierté, je
crois, est sa descendance. Deux garçons, aussi différents que faire
se peut, selon ses termes à elle. Je ne les ai jamais vus autrement
qu'en photo, et, bien entendu, je peux corroborer la différence de
l'apparence physique. Cependant, pour ce qui est du caractère, je
dois me fier aux paroles de mon amie.
Et lorsqu'elle est
devenue grand-maman, presque sous mes yeux, j'ai cru qu'elle allait
exploser de bonheur. Elle dit à qui veut l'entendre, qu'elle a les
plus beaux petits enfants du monde. Ou du moins, du Québec. Je dois
admettre qu'ils sont vraiment beaux, objectivement. Sauf que je la
soupçonne d'avoir, à leur endroit, un parti pris tout familial. Et
totalement compréhensible. C'est l'inverse qui ne le serait pas.
Pour ma part, une des
choses que j'apprécie le plus d'elle, c'est tous les mots
d'encouragement qu'elle m'a fait parvenir, depuis que je la connais
pour que je continue à écrire, même lorsque j'avais arrêté, et
aussi le regard féministe, acéré et articulé, qu'elle porte sur
le monde qui l'entoure.
On ne se voit pas
souvent, on ne se parle pas beaucoup non plus, mais je sais qu'il y a
cette femme qui laisse parfois ses yeux traîner sur mes écrits et
qui finira par me les relancer pour que je n'oublie plus ma nature.
C'est une louve farouche
et fière. Et moi, je suis très heureuse d'être son amie.
Libellés : Galerie de portraits
Très belle progression dans la prose. L'imagerie du portrait est très bien exécutée. Je suis très impressionnée par ce texte.