dimanche, octobre 04, 2015

2-10-2015

Il y a des jours qui se réveillent de l'ordinaire et qui se couchent sur tellement de détails étranges qu'on croit, un peu à l'extraordinaire.

J'avais l'impression de courir après mon souffle pour arriver à faire mon boulot. Entre deux priorités, il me semblait que je n'arrivait qu'à me débattre bien inutilement dans l'air ambiant. Le temps passait trop vite pour ma seule tête qui se perdait un peu, de-ci, de-là. Vers le milieu de la soirée, je remplaçais la caissière pour sa pause quand une mère et ses enfants se sont avancés pour compléter leurs achats. Ils étaient arrivés depuis un moment déjà, je le savais. Et depuis, l'aînée demandait les toilettes. Je leur avait expliquer où elles se trouvaient, mais la mère n'avait pas voulu que sa fille s'y rende seule, du haut de ce que je supposais être ses huit ans.

La transaction avait à peine commencé que la petite se mis à hurler de désespoir : « Maman! Je t'avais dis que j'avais une urgence et là, je me pisse dessus! ». Heureusement pour l'enfant, il n'y avait que peu de témoins, seulement sa famille, moi et une autre employée. Mais elle vivait un drame, évidement. Personne n'a rit, personne ne l'a regardée de haut, son malheur nous apparaissait dans toute sa grandeur. Je n'osais pas lui adresser la parole, l'employée présente non plus. Sans faire celles qui ne s'apercevaient de rien, nous avons toutes deux jugé que nous n'avions absolument pas les compétence pour intervenir.

C'était un vendredi soir d'octobre où les clients traînent un peu trop longtemps dans les magasins, peu désireux de ressortir dans le vent qui commence à mordre les chairs. La fermeture du magasin a pris plus de temps qu'à l'habitude. Les autobus de soir étant ce qu'ils sont je suis arrivée sur la ligne verte autour de 22h30 et là, coup de bol, je suis entrée dans un wagon occupé par une bande de fêtards. Ou plutôt par un homme tellement ivre qu'il me faisait peur. Ses compagnons (hommes et femmes) disaient à tous ceux qui mettaient un pied dans cet environnement puant le fond de tonne : « surtout, ne lui parlez pas! » Personnellement, je n'avais aucune envie de lier connaissance avec le personnage, j'ai donc traversé les bancs pour me réfugier le plus loin possible de la bande.

Malgré la distance, l'odeur d'alcool persistait autour de moi et, à l'instar de tous les autres passagers, j'ai su que l'homme fêtait son quarantième anniversaire et que c'était la raison de son état. Ses amis avaient l'air de croire que c'était à peu près normal de s'imbiber à ce point pour une telle occasion. Et je dirai, à leur décharge, que le reste du groupe était passablement plus sobre et qu'il tentait tant bien que mal de gérer leur encombrant compagnon.

Je suis sortie dans la froidure de la rue Sainte-Catherine, soulagée de respirer l'air beaucoup plus pur de la pollution montréalaise.

J'avais vécu deux histoires qui mettent en scène des personnages qui vivaient des situations passablement humiliantes.

Mais c'est l'enfant qui se souviendra longtemps de ce moment affreux. L'homme aura sans doute tout oublié à son réveil.

Triste constat, je trouve.

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