2-10-2015
Il y a des jours qui se
réveillent de l'ordinaire et qui se couchent sur tellement de
détails étranges qu'on croit, un peu à l'extraordinaire.
J'avais l'impression de
courir après mon souffle pour arriver à faire mon boulot. Entre
deux priorités, il me semblait que je n'arrivait qu'à me débattre
bien inutilement dans l'air ambiant. Le temps passait trop vite pour
ma seule tête qui se perdait un peu, de-ci, de-là. Vers le milieu
de la soirée, je remplaçais la caissière pour sa pause quand une
mère et ses enfants se sont avancés pour compléter leurs achats.
Ils étaient arrivés depuis un moment déjà, je le savais. Et
depuis, l'aînée demandait les toilettes. Je leur avait expliquer où
elles se trouvaient, mais la mère n'avait pas voulu que sa fille s'y
rende seule, du haut de ce que je supposais être ses huit ans.
La transaction avait à
peine commencé que la petite se mis à hurler de désespoir :
« Maman! Je t'avais dis que j'avais une urgence et là, je
me pisse dessus! ». Heureusement pour l'enfant, il n'y avait
que peu de témoins, seulement sa famille, moi et une autre employée.
Mais elle vivait un drame, évidement. Personne n'a rit, personne ne
l'a regardée de haut, son malheur nous apparaissait dans toute sa
grandeur. Je n'osais pas lui adresser la parole, l'employée présente
non plus. Sans faire celles qui ne s'apercevaient de rien, nous avons
toutes deux jugé que nous n'avions absolument pas les compétence
pour intervenir.
C'était un vendredi soir
d'octobre où les clients traînent un peu trop longtemps dans les
magasins, peu désireux de ressortir dans le vent qui commence à
mordre les chairs. La fermeture du magasin a pris plus de temps qu'à
l'habitude. Les autobus de soir étant ce qu'ils sont je suis arrivée
sur la ligne verte autour de 22h30 et là, coup de bol, je suis
entrée dans un wagon occupé par une bande de fêtards. Ou plutôt
par un homme tellement ivre qu'il me faisait peur. Ses compagnons
(hommes et femmes) disaient à tous ceux qui mettaient un pied dans
cet environnement puant le fond de tonne : « surtout, ne
lui parlez pas! » Personnellement, je n'avais aucune envie de
lier connaissance avec le personnage, j'ai donc traversé les bancs
pour me réfugier le plus loin possible de la bande.
Malgré la distance,
l'odeur d'alcool persistait autour de moi et, à l'instar de tous les
autres passagers, j'ai su que l'homme fêtait son quarantième
anniversaire et que c'était la raison de son état. Ses amis avaient
l'air de croire que c'était à peu près normal de s'imbiber à ce
point pour une telle occasion. Et je dirai, à leur décharge, que le
reste du groupe était passablement plus sobre et qu'il tentait tant
bien que mal de gérer leur encombrant compagnon.
Je suis sortie dans la
froidure de la rue Sainte-Catherine, soulagée de respirer l'air
beaucoup plus pur de la pollution montréalaise.
J'avais vécu deux
histoires qui mettent en scène des personnages qui vivaient des
situations passablement humiliantes.
Mais c'est l'enfant qui
se souviendra longtemps de ce moment affreux. L'homme aura sans doute
tout oublié à son réveil.
Triste constat, je
trouve.
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